Compte rendu Transition, le podcast

Podcast S02 E08 – Marathon de Berlin 2024: avant, pendant et après la course!

Transition, le podcast triathlon par nakan.ch
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Podcast S02 E08 - Marathon de Berlin 2024: avant, pendant et après la course!
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Après une expérience catastrophique sur la distance mythique au mois d’avril à Boston, j’avais également un dossard pour le marathon de Berlin en septembre. Pour ce cinquième départ sur cette distance, mes objectifs n’étaient plus très clairs avant de reprendre une préparation spécifique au début de l’été. Le seul avantage que j’avais par rapport à Boston, c’est que je connaissait déjà le parcours pour l’avoir effectué en 2015. En dehors de ça, mes repères ont largement disparus en avril… Il s’agissait ici de recommencer sur une page blanche, et me questionner sur mes futurs objectifs sur la distance. Je vous propose un compte-rendu dans deux formats: cet article ainsi qu’un épisode de podcast, pour vous parler de cette course!

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De gros doutes après la course de Boston

Cette préparation pour le marathon de Berlin s’inscrit dans un contexte un peu particulier. D’abord, il s’agit pour moi de la première fois que je prends le départ de deux marathon au cours de la même année. Et ensuite, l’expérience de Boston où j’ai réalisé mon pire résultat sur la distance, ayant même fait mieux sur le marathon d’un Ironman, je me demande vraiment où j’en suis sur la distance, et si je suis seulement capable de réaliser les objectifs que je me fixe.

Je ne suis clairement pas arrivé à Boston hors de forme. J’avais fait une préparation honnête, même si comme toujours, elle n’était pas parfaite. Et certes, sur place, les conditions météo, le décalage horaire et la logistique de course n’ont pas aidé, je me suis tout de même fracassé sur une course bien plus difficile à terminer que tout ce que j’ai pu vivre jusque là… Alors où est-ce que j’en suis dans mes capacités à courir un marathon? La question me hante dans ma planification de l’entrainement en vue de Berlin.

Une préparation qui peine à démarrer

Je commence à réfléchir à ma stratégie de préparation au début du mois de juin, après avoir laissé passer environ 6 semaines après Berlin. A moitié par curiosité et à moitié par envie de ne pas me tromper dans ma préparation, je décide de confier le plan de mon entrainement à une application mobile. En l’occurence, je créé un compte dans l’app Run Motion Coach, des frères Adam, que nous avions reçus dans le podcast de nakan. Après avoir créé mon compte, répondu à plusieurs questions et configuré mon objectif de 3h30 pour la date de Berlin dans l’app, mon plan d’entraînement est prêt.

A première vue, il me semble honnête, peut-être un peu trop prudent sur les premières semaines, mais rien d’urgent… Et comme je sors d’une préparation marathon, je pars avec un certain capital. Donc il n’y a pas d’urgence… Ce qui peut paraître comme une sécurité va être un sacré handicap par la suite. Car oui, j’ai une certaine condition, et je me repose un peu trop là-dessus.

J’ai de la peine à rentrer dans la préparation et à effectuer toutes les séances planifiées. Les semaines passent. Mi-juillet, je plafonne à trois séances par semaine, avec des distances qui ne s’allongent pas. Les séances manquées dans le plan de l’app s’accumulent. Il y a de la frustration que le plan stagne, et je n’arrive pas à accrocher. Fin juillet, je n’ai aucune sortie de plus de 15km, et très peu de sorties qualitatives. Principalement car je n’arrive pas à me motiver à suivre le plan proposé par l’app.

Maintenant ou jamais

Le départ du marathon de Berlin est fixé au 29 septembre à 9h00. Lors de la dernière semaine de juillet, il me reste à peine deux mois… Sachant que j’ai un half Ironman deux semaines avant le marathon, quand on compte au moins une semaine de tapering avant le half, cela laisse 6 semaines maximum. Ma préparation est au point mort. J’organise une séance de crise avec moi-même: c’est le dernier moment pour réagir, ou de laisser définitivement tomber.

Boston a laissé des traces. Je doute de plus en plus d’être encore capable d’approcher les 3h30 sur la distance. Le début de préparation catastrophique et mes allures à l’entrainement ne me permettent pas à ce moment d’envisager un tel chrono. De loin pas. Mais lors de cette séance de crise, je prends plusieurs décisions exécutives. La conclusion, c’est que je veux aller à Berlin pour y faire une bonne course, je vais m’en donner tous les moyens à partir de maintenant.

Un plan de route simple mais efficace

Ce jour là, je prends la décision d’abandonner le plan d’entraînement par l’app et d’aborder ma préparation de manière simple. Car en plus du marathon, je dois me préparer à un half Ironman, et de ce point de vue, ma préparation n’est pas plus glorieuse en ce moment…

La première décision consiste de privilégier la préparation marathon à la préparation triathlon. Je décide de me baser en règle générale sur un plan avec 7 séances par semaine. Une séance de vélo, une séance de natation, une séance de renforcement et 4 séances de course à pied. Pour le vélo et la natation, l’objectif est de pouvoir couvrir les distances du semi Ironman, sans objectif qualitatif. Pour la séance de renforcement, j’ai un abonnement actif sur Apple Fitness Plus, et je n’ai qu’à choisir une séance d’exercices généraux chaque semaine. Je réalise ces entrainements à la maison, avec le poids du corps ou des altères.

Et enfin, 4 séances de course à pied, que je planifie à l’envie et en fonction de mon emploi du temps chaque semaine:

  • Endurance: une sortie en endurance fondamentale, entre 10 et 12km
  • Qualitatif long: une séance d’intensités longues, des séries de 1km ou 2km, ou des étapes du Tour du Pays de Vaud
  • Qualitatif court: séance sur piste ou en fartlek avec des efforts allant de 400 à 800m
  • Sortie longue: sortie longue allant crescendo de 16km à 32km environ, avec du travail à allure marathon sur une partie des sorties longues

Au début de chaque semaine, je planifie les séances en fonction de mes disponibilités, de la météo et de l’envie. Je replanifie parfois à la volée mes séances en fonction du ressenti le jour J. Pour me donner quelques objectif, je m’inscrit à certaines étapes du Tour du Pays de Vaud, une série de courses dans la région ayant lieu chaque mercredi soir. Ce sont des étapes de 7 à 10km très punchy, qui prennent la place des séances de qualitatif long.

Et à partir de ce moment là, les entrainements avancent. Je vois des progrès. Je ressent plus d’envie de m’entrainer.

Des sorties longues encourageantes

Dans cette préparation, j’effectue plusieurs sorties longues, ajoutant crescendo de la distance et des blocs supplémentaires d’allure marathon. Voici quelques-unes des plus importantes:

  • Le 11 août, 18km valonnés
  • Le 18 août, 24km valonnés
  • Le 25 août, 27km valonnés
  • Le 2 septembre, 32km à plat
  • Le 8 septembre, 15km valonnés
  • Le 21 septembre, 24km valonnés

Au fur et à mesure de ces sorties longues, je vois les progrès réalisés sur l’endurance et le maintien des allures des blocs à allure marathon. Mais je vois aussi qu’il me sera très difficile de maintenir une allure me permettant d’aller chercher les 3h30…

Et puis, en particulier sur la sortie de 32km, j’ai des problème au niveau de mon alimentation. Depuis plusieurs saisons, j’utilise les gels Maurten 100 sur mes courses et séances longues à pied, mais j’ai de plus en plus de mal à les assimiler. J’ai quelques problèmes gastriques à la fin de ma séance du 2 septembre…

Le half de Almere

Je vois le half Ironman de Almere le 14 septembre principalement comme une dernière grosse charge avant Berlin. Si je gère bien ma récupération et une dernière piqûre de rappel avant d’aller dans la capitale allemande, cela pourra être une très bonne opportunité de sur-compenser pour le marathon.

Le détail de la course est ici. Toutefois, le gros problème sur ce half, c’est que le problème d’alimentation se confirme. Et je n’arrive plus à supporter ou assimiler les gels Maurten. Pour une raison que je ne peux pas expliquer, ils ne « passent plus ». Tout simplement.

Après la course, je suis bien plus confiant sur ma préparation qu’au début du mois de juillet. Mais je sais que sans alimenter mon organisme au cours du marathon, je vais droit dans le mur (de Berlin…). Il me reste donc 14 jours pour changer complètement de stratégie d’alimentation pour le jour J. Un peu court, mais nécessaire.

Un nouveau plan d’alimentation en urgence

Vous le savez probablement: chacun est différent, et c’est la raison pour laquelle on trouve des centaines de marques de gels et autres éléments d’alimentation pour les sportifs d’endurance. Je n’ai pas le temps de tester des dizaines et des dizaines de gels. Je dois valider un plan de ravito sur environ 4 à 5 sorties, dont une seule un peu longue.

Je décide alors de reprendre des gels d’une marque que j’appréciais il y a quelques années mais que j’ai laissé tomber au profit de nouveautés arrivées sur le marché. Je commande donc deux boites de gels WinForce, l’une à la noisette et l’autre à la cacahuète. Ce dernier ayant l’avantage d’avoir un goût plus salé qui permet d’alterner avec le sucre des autres.

Si j’avais laissé tomber ces gels, c’est de par leur taille: ils sont petits. Et aussi pour leur apport en glucides que je trouvais trop faible par rapport à ceux des Maurten notamment. Mais mon argument sur le moment c’est: mieux vaux moins de sucre jusqu’à la fin, que plus sur le début de course et zéro ensuite à cause de la saturation.

Un gel WinForce, c’est environ 15g de glucides. Mon plan est d’en avaler toutes les 30 minutes. Je configure ma montre pour me le rappeler dans le profil de course à pied. Jusque là, mon plan était un gel Maurten 100 toutes les 40 minutes (25g de glucides). Finalement, mon apport planifié de glucides passe de 37g par heure avec les Maurten à 30g par heure avec les WinForce. Je me retrouve à la moitié des 60g/h qui sont assimilable au maximum par le corps.

Reste que ma réflexion est: mieux vaut 30g/h jusqu’à la fin que 37g/h que je n’arrive à assurer que jusqu’au semi. Et à cela, on doit encore ajouter les boissons iso que je vais boire sur le long du parcours.

Mes tests effectués sur les sorties d’entraînement entre Almere et le marathon me montrent que le gels passent bien, même sur des blocs d’allure marathon. Je valide ce plan d’alimentation, sachant que de toute manière, je n’ai pas trop le choix…

Le marathon de Berlin 2024

Nous prenons l’avion le vendredi en fin de journée, ma chérie, Jérome qui court le marathon également et moi. En toute fin de journée, pour dire vrai, car notre vol easyJet accuse un retard conséquent. Le train depuis l’aéroport et nous ne pouvons nous mettre au lit que vers 2h du matin. On a fait mieux à 36h d’un marathon.

Le samedi, l’objectif est triple:

  1. Economiser un maximum les jambes. Je connais Berlin et je ne prévois aucune visite ou déplacement non nécessaire
  2. Aller récupérer le package et le dossard à l’expo
  3. Régler avec mon opérateur le problème de connexion 4G de mon Apple Watch à l’étranger.

Je me lève vers 10h, puis après un petit déjeuner, je pars en métro récupérer mon dossard à l’expo. Je ne m’attarde pas trop sur les stands, et malgré l’envie d’acheter un survêtement de l’évènement, il n’y a plus ma taille de dispo. Je m’installe ensuite quelques minutes dans un parc pour contacter mon opérateur de téléphone pour régler le problème de connexion 4G de mon Apple Watch en roaming. Car je courrai avec elle le lendemain simplement pour avoir un moyen d’appeler ma chérie après la ligne d’arrivée. Car je n’ai pas de drop-off bag dans mon package de course.

Ensuite, nous allons effectuer un jogging de 4km environ avec Jérome, juste pour dérouiller un peu les jambes. Enfin, de retour à l’hôtel, je prépare mes affaires pour le lendemain.

Après une soirée épique dans un resto italien (pour lequel nous avions une réservation) complètement débordé par l’affluence de coureurs et coureuses à pied désespérément à la recherche de pâtes, retour à l’hotel. Je me couche assez tôt, et finalement dors assez bien pour une nuit d’avant course.

L’arrivée dans les blocs de départ

Le matin, après un petit déjeuner que j’ai planifié principalement avec des aliments exempts de fibres et plutôt salés pour ne pas commencer déjà à saturer mes papilles avec du goût sucré, je me rends à la gare située à proximité de l’hotel. Je suis situé dans le quartier de Charlottenburg, à proximité du zoo, et préfère donc utiliser les transports publics pour me rendre au départ.

Je descend à la gare principale de Berlin et suit la longue procession qui mène à la zone de départ. Il y a près de 60’000 participants pour ce 50ème anniversaire du marathon de Berlin. Ca fait beaucoup de monde. La météo s’annonce idéale pour un marathon, temps ensoleillé mais température aux environ de 15°C pour les heures de course. Aucun problème à ce niveau pour courir, mais il ne fait pas chaud le matin en arrivant dans le parc. A l’ombre des arbres, il fait même froid. J’ai un vieux coupe-vent, et un t-shirt à manches longues ainsi qu’un pantalon de training que je vais jeter avant le départ, mais même avec ça, je n’ai pas chaud.

La première étape consiste à passer les contrôles pour entrer dans la zone de départ. Ensuite, repérer mon bloc de départ. J’ai mon sac avec moi, mais je ne le déposerai pas pour le récupérer à l’arrivée. Tout ce que j’ai pris, je vais l’abandonner dans la zone de départ: une banane, une veille paire de runnings que je porte jusqu’au bloc pour « économiser » mes chaussures de course, une bouteille d’eau. En termes d’habits, j’ai déjà tout mis…

Au poignet gauche, j’ai la fenix 8 parfaitement configurée pour cette course. Au poignet droit, j’ai l’Apple Watch Series 10, mais elle est éteinte. Je ne l’utiliserai qu’une fois la ligne d’arrivée franchie pour téléphoner. Le temps est long, je mange la banane, je rejoins mon bloc de départ environ 40 minutes avant mon départ. A 30 minutes du départ, les premiers bloc s’élancent, dont celui de Jérome que je n’ai pas croisé ce matin.

L’attente est longue, et j’ai assez froid. J’espère que je ne perds pas trop d’énergie à lutter pour me réchauffer. Plus le bloc se remplit, plus on est serrés, et moins il fait froid. A 15min du départ, je change de chaussures. A 10 minutes, je sors sur le côté ou une allée de toilettes mobiles ont été disposées pour un dernier pipi. A 5 minutes du départ, je lance mon profil de course à pied et le parcours pour l’acquisition de satellites. A deux minutes du départ, je retire mes habits que j’abandonne dans les box prévus pour les recueillir. Et là, j’ai franchement très froid. Vivement qu’on courre!

Les premiers kilomètres

Notre bloc atteint le niveau de la grande arche de départ. Plus que 30 secondes. Je sautille sur place pour me réchauffer… Puis c’est le coup de feu, et on se met d’abord à marcher puis à courir. Le premier kilomètre démarre tranquillement, j’essaie simplement de me réchauffer, de trouver un chemin un peu dégagé et le meilleur itinéraire possible. Pour cela, je m’aide de la ligne bleue au sol.

Surtout, dès le départ, j’essaie de me maintenir à une allure qu’il me semble possible de tenir tout au long de ce marathon en me basant sur mes derniers entrainements. Mon objectif, plus réaliste, a été revu à la hausse. Exit les 3h30, je me satisferai largement d’un 3h40. Pour la première fois, je planifie ma course en fonction de ce que je sais que je peux réaliser plutôt que ce que je veux réaliser. Je pars donc à une allure qui se situe entre 5:10 et 5:15 au kilomètre sur cette toute première partie de ce marathon.

Il ne me faut pas très longtemps pour me sentir à une température agréable après avoir commencé à courir, et c’est plutôt bienvenu! Je suis toujours surpris de voir des personnes qui se mettent à marcher au deuxième kilomètre en s’étant pourtant inscrites dans un bloc de temps estimé de 3h30 à 3h45…

Sur les premiers kilomètres, je me sens bien, et j’ai envie d’en mettre plus. Mais cette fois-ci, je calme mes ardeurs, sachant que la course va être longue. Ce que je veux avant tout, c’est gérer correctement plutôt que de me retrouver planté au kilomètre 35.

Jusqu’au semi: le travail préparatoire

La course avance, et le premier ravitaillement après 30 minutes arrive. Je calque mon ravitaillement énergétique avec l’approche des ravitaillements histoire d’avoir tout de suite quelque chose à boire après avoir ingurgité mon gel. Sur le marathon de Berlin, les stands de ravitaillement alternent avec un stand d’eau, et le suivant plus complet avec boisson iso, eau et cola. J’alterne entre eau et boisson isotonique, réservant la prise de cola aux derniers ravitaillements si nécessaire. Les gels Win Force passent très bien sur la première partie de ce marathon. Chaque 30 minutes environ, un gel noisettes ou cacahuètes en alternance.

Je regarde autour de moi, me surprenant à reconnaître assez facilement les quartiers que je traverse. Je scrute aussi attentivement les abords du parcours, sachant que ma chérie sera à plusieurs endroits au bord du parcours. Lorsque je la vois la première fois, je lui fais signe que tout va bien, et que je suis dans un bon jour!

Le passage des 10km et je me sens très bien. Là encore, je sens que j’en ai encore sous le pied, mais je garde une allure constante. Je suis désormais à une allure stable autour des 5:10/km, sous contrôle, avec une fréquence cardiaque exactement là où elle doit être. Les kilomètres passent et je me concentre sur les éléments essentiels: alimentation, hydratation, maintien de l’allure et concentration sur le plan de course.

Je suis toujours extrêmement bien au passage des 15km. Les gels passent pour l’instant sans problème, je ne manque pas d’énergie, bien au contraire. Les conditions météo sont incroyablement idéales, il y a du monde partout sur le parcours et les spectateurs sont également nombreux. Une expérience de rêve!

A l’approche du semi-marathon, je suis exactement dans le plan de course. Je commence à ressentir de la fatigue, mais rien d’anormal à ce stade, et surtout, cela ne m’empêche ni de maintenir l’allure, ni même de continuer à penser que je pourrais en mettre plus. Je suis dans ma course, je suis le plan à la lettre et je me sens parfaitement bien. C’est le message que je tente de passer à ma tendre moitié lorsque je la vois pour la deuxième fois sur le bord du parcours!

Le second semi, pour terminer la course parfaite

Entre le kilomètre 21 et le kilomètre 25, l’allure est toujours au beau fixe, voire un tout petit peu plus rapide. Ma montre doit afficher à ce moment une moyenne depuis le départ autour de 5:08/km. Mes jambes vont bien, j’ai de l’énergie car toutes les 30 minutes, lorsque ma montre me rappelle que je dois avaler un gel, je n’ai pas de difficultés majeures à le faire. Je continue à prendre soin de calquer mon ravitaillement en gels environ 300 mètres avant les tables de ravitaillement liquide.

Au kilomètre 25, je m’arrête 40 secondes dans les toilettes mobile juste après le ravitaillement. Quand je reprend la course, je me dis que c’est le moment de hausser un tout petit peu le rythme. Je pèse les arguments pour et contre dans ma tête depuis un moment: j’ai de bonnes jambes, je me sens bien, j’ai de l’énergie et je risque de regretter de finir « trop bien ». Le risque évidemment, c’est de regretter au contraire d’avoir été bien jusqu’au 25ème kilomètre et de ne pas avoir su gérer la fin de course pour exploser 10 kilomètres plus loin… Je décide donc de hausser un peu le rythme. Je cours entre le kilomètre 25 et le kilomètre 30 à environ 5:00/km. Et je me sens toujours aussi bien. Les ravitaillements continuent à très bien se passer. Au kilomètre 30, j’accélère encore, à près de 4:50/km, car je me sens dans un jour extraordinaire, que je le peux et que je sens que je pourrai tenir cela jusqu’à la ligne d’arrivée.

Et puis, je commence à faire tourner la machine à calculer dans ma tête. Mon record sur ce parcours date de 2015. J’avais couru en 3h36. Ce temps devient désormais clairement atteignable. Mais ensuite, je me mets à penser à mon PB sur la distance marathon: 3:33:34. C’est assez facile de s’en souvenir.

Addition, retenue, arrondi et on ajoute les 195 deniers mètres au calcul… Il faudrait une fin de course tonitruante. Mais au vu de mon allure du moment, je me dis au kilomètre 35 que ce n’est plus complètement impossible. J’accélère encore. Il n’y a que la fatigue musculaire qui me rappelle que je ne suis pas en train de rêver cette course, mais bel et bien de la courir. Car ça répond encore. Je suis à 4:45/km.

Au kilomètre 39, je vois une dernière fois ma moitié sur le bord de la route. Elle me dit que Jérome en a terminé mais je n’entends pas le temps qu’elle me donne. Je ne me concentre désormais que sur un seul chrono: mon record sur la distance. Je sais que ça va être chaud, peut-être trop, mais même me rapprocher de mon record établi 13 ans plus tôt me donnerait un sérieux coup de boost mental pour mes prochaines préparations et prochaines courses.

Juste avant de passer sous la porte de Brandebourg

Ma tête n’est plus 100% efficace mais mes extrapolations me laissent penser que mon record n’est plus inaccessible. Je passe le kilomètre 40, j’ai peu de marge, très peu. J’accélère encore. Je suis à 4:35/km. Les virages s’enchaînent dans ce final, je me concentre sur la ligne bleue, je ne m’arrête pas au dernier ravitaillement. Moins d’un kilomètre, et je vois la porte de Brandebourg, je m’approche… La ligne d’arrivée est environ 300 mètres après. On passe sur la place juste devant la porte, une marche, ne pas se casser la figure ici. Environ 50 mètres sur du pavé, bien lever les pieds. On passe sous la porte. Retour sur le bitume. Je déroule, je cours à 4:30/km. Je ne regarde pas la montre, car quoi qu’il arrive j’ai réussi ma course.

Après la ligne d’arrivée

En passant sous l’arche d’arrivée, j’arrête le chronomètre de ma montre. Elle affiche 3:33:32. PB pattu de 2 secondes, d’après mon propre chronométrage. Mais que dira le chronomètre officiel? Celui qui fera foi évidemment. Je regarderai plus tard, de toute manière, c’est égal finalement. Je suis toujours capable de courir aux alentours de 3h30 sur cette distance.

En l’espace de 15 jours seulement, j’ai réussi à trouver un plan d’alimentation et un plan de course qui m’ont permis de réaliser cette course quasi parfaite en gestion de l’effort. Car une chose est sûre pour moi: avec l’état de forme que j’avais sur la ligne de départ, j’ai réeussi le meilleur résultat que je pouvais rêver ce jour-là à Berlin.

Commence ensuite un long itinéraire passant par la remise des médailles, du sac de ravitaillement d’après course, des ponchos pour nous tenir chaud. J’allume mon Apple Watch et donne rendez-vous à ma chérie pour qu’on se retrouve à l’extérieur de la zone réservée aux coureurs.

Au moment où je la retrouve, elle me donne mon temps officiel: 3:33:29. C’est finalement 5 secondes de mieux que mon record sur cette distance jusque là! Dans cette masse de gens qui terminent le marathon, nous allons tranquillement à la gare pour revenir à l’hôtel.

Les jours suivants

Dans les jours qui suivent, j’ai les jambes fatiguées évidemment, je suis profondément fatigué, évidemment, mais je ne suis pas cassé. Je vis, probablement pour la première fois, la suite d’un marathon que l’on finit « bien ». Je peux monter ou descendre les escaliers sans mal, je pourrais même reprendre la course à pied dès le mercredi déjà. Mais je ne le fais pas. J’ai tout de même quelques petits bobos auxquels on peut s’attendre après une telle course: petite tendinite ici, ampoules par là… Il faut laisser un peu de temps à l’organisme pour bien récupérer.

Mais j’ai tellement aimé cette course, et pas seulement par ma gestion, mais son parcours, son ambiance, son organisation… Que je n’hésites pas à m’inscrire au tirage au sort pour l’inscription à l’édition de 2025. En tout cas, une chose est sûre: plus que jamais, je peux me remettre à ambitionner de passer sous les 3h30 sur cette distance!

Pour cette course, j’ai utilisé

Comme on est sur un blog de passionnés de tech et de gadgets, voici la liste du matériel que j’ai utilisé pour courir ce marathon. Et quelques notes!

  • Tenue: Short de course Nike, T-Shirt nakan.ch personnalisé. La casquette est celle du marathon de Boston
  • Lunettes de soleil Uvex avec teinte adaptative en fonction du soleil
  • Chaussettes Nike Spark Lightweight
  • Chaussures Nike Vaporfly Next% 3
  • Stryd pour la mesure de la puissance
  • Ceinture cardio Wahoo TRACKR
  • Montre Garmin fenix 8 pour l’enregistrement des données et la gestion de course au poignet gauche
  • Montre Apple Watch Series 10 au poignet droit que je n’ai utilisé que pour passer des appels après la ligne d’arrivée
  • Gels WinForce, (4 noisettes, 4 cacahuètes). J’en ai consommé un toutes les 30 minutes
  • Pour la première fois, je n’ai embarqué aucune caméra ou appareil photo, préférant me concentrer sur ma course et laissant le soin aux photographes de la course d’immortaliser mon effort

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Rédiger des tests et des articles sur la technologie dans le sport est une passion dévorante! Cela fait plus de 12 ans que je le fais en marge de mon activité professionnelle et sportive.Je ne compte pas mon temps, et je ne suis absolument pas rémunéré par les marques pour le faire.

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6 commentaires

  1. Une super course qui donne envie !
    Simple curiosité, dans tes prépas marathons comment gères tu le renforcement musculaire ?
    Merci à toi et bravo.

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