Rapport Strava 2024: connexion, égalité et technologie sportive
Strava revendique en 2024 un nombre d’utilisateur dépassant les 135 millions. Oui, si Strava était un pays, il serait plus peuplé que la France et l’Italie réunies. C’est une croissance de 15 millions d’utilisateurs en un an. L’application n’est plus seulement un carnet d’entraînement, mais un véritable réseau social où un objectif est accompli toutes les 19 secondes. C’est également la plus grande communauté et donc le plus grand échantillon de sportives et de sportifs de la planète. Il est donc intéressant de l’analyser pour en tirer des conclusions globales. Toutefois, comme avec toute source de données unique, il faut garder à l’esprit que tous les adeptes de sports ne sont pas sur la plateforme, et que l’utilisateur type de Strava n’est pas forcément le sportif type. Une fois cela en tête, plongeons dans les données de l’année 2024 de la plateforme, grâce à la mise à disposition par Strava de son rapport annuel!
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Sport social et rencontres: en particulier pour la génération Z
Le sport individuel devient collectif : en 2024, la participation aux clubs virtuels de course à pied a grimpé de 59%, tandis que celle aux clubs de marche a bondi de 52%. Ce phénomène traduit une évolution où l’activité sportive dépasse la performance personnelle pour se transformer en expérience sociale. A l’heure de la domination des réseaux sociaux, la course à pied, la marche ou encore le cyclisme ou le ski nordique deviennent les nouvelles boites de nuit.
Cette tendance se reflète dans la génération Z, qui voit dans Strava un outil pour socialiser. 55% de ces jeunes rejoignent des clubs pour élargir leur cercle d’amis, et ils sont 66% à avoir noué de nouvelles amitiés en 2024 grâce à leur pratique sportive. Les entraînements en groupe gagnent en popularité, avec une augmentation de 18% des activités effectuées en groupes de 10 personnes ou plus. Preuve que courir à plusieurs séduit plus que de se jeter des vodkas-martini dans un bar : 59% des sondés préfèrent rencontrer des gens dans un cadre sportif, contre seulement 14% autour d’un verre.
La récup is the new black
Et la récupération ? Toujours plus une priorité pour les athlètes amateurs comme professionnels. Les marathoniens, par exemple, consacrent 51% de leurs journées des 16 semaines précédant un marathon au repos (c’est ce qui est noté dans le rapport, ce qui me semble presque excessif, même à moi, l’adepte de la récup). Une gestion intelligente de l’effort qui entre dans les moeurs.
D’une manière plus générale, la majorité des utilisateurs considèrent que leur durée idéale d’entraînement quotidien est d’une heure ou un peu moins. En termes de performances, les vitesses médianes des activités donnent une idée du profil type des sportifs : 6:22 min/km pour la course, 19,6 km/h à vélo, et des allures plus modérées pour la marche ou la randonnée. Du sport plaisir, du sport santé, avant le sport performance.
Égalité homme-femme: le sport en fenêtre de la société ?
Les femmes tentent de s’affirmer en 2024 comme un moteur clé de la transformation sportive, en tout cas sur Strava. Le nombre de femmes rejoignant un club sur la plateforme a augmenté de 89%, surpassant largement les hommes. Il faut dire qu’elles représentent un fort potentiel d’évolution de la plateforme, les hommes ayant une chance d’être attirés sur la plateforme l’auront probablement déjà rejointe. Cette dynamique s’illustre dans les pratiques émergentes parfois surprenantes : l’entraînement aux poids connaît une popularité fulgurante chez les sportives, au point de poser la question : « Les femmes finiront-elles par régner sur les salles de sport en 2025 ? »
Cependant, certaines disparités demeurent. Si les marathons restent majoritairement masculins sur Strava, les femmes et les hommes sont presque à égalité dans le semi-marathon, un signe encourageant pour une distance probablement perçue comme plus accessible. Bien que l’on sache désormais scientifiquement que les femmes sont meilleures que les hommes sur de très longues distances, ces dernières sont encore peu nombreuses à s’y mesurer. Un autre indicateur, miroir de notre société, tend à me chagriner un peu: les femmes pratiques massivement plus d’activités en intérieur. Je crains qu’en lisant entre les lignes, on en déduise que l’insécurité qu’elles ressentent en pratiquant en extérieur peut rester un frein majeur dans leur épanouissement sportif…
Technologies: Apple et Nike sans partage
La plateforme est également un outil extrêmement intéressant pour analyser les outils technologiques comme les montres GPS et autres accessoires, ainsi que les tendance dans la technologie plus générale dans le sport. Les chaussures de course à pied sont un autre exemple. Car depuis des années, les montres connectées sont devenues un incontournable. Et bien que la plupart des lecteurs du site portent au poignet une montre ultra-spécialisée comme une Garmin, COROS, Suunto ou Polar, Strava nous montre qu’Apple règne en maître absolu sur les poignets des sportives et sportifs en général. Les Apple Watch Series et SE surpassent la concurrence, reléguant le premier modèle de Garmin à une honorable troisième place avec sa Forerunner 245 dans le classement des montres les plus utilisées en course à pied. Une évolution qui souligne à quel point les montre connectées Apple sont préférées aux montres ultra-spécifiques au sport et à l’outdoor.
Nike: du marketing à la religion
Du côté des chaussures, Nike mène le bal avec une stratégie marketing implacable et manifestement efficace. Leur discours (auquel j’ai aussi adhéré, je ne ment à personne, surtout pas à moi-même) autour de la mousse ZoomX et aux plaques de carbone semble porter tant et plus! Les Nike Pegasus règnent sur les entraînements quotidiens, tandis que la Vaporfly NEXT% et l’Alphafly tracent leur chemin sur les compétitions. Et les consignes marketing de Nike sont suivies à la lettre par les coureurs à pied: la NEXT% 3 a été la plus utilisée sur les distances du 5km au semi-marathon, alors que l’Alphafly est plus utilisée sur la distance marathon. D’un point de vue scientifique, cela ne s’explique pas, le poids de la dernière étant plus élevé, elle demande une plus grande consommation d’oxygène pour un gain qui reste encore à démontrer. Au final, Strava devient autant un outil de performance qu’un miroir des stratégies commerciales des grandes marques.
Du côté des cyclistes: Trek, Specialized et Giant semblent être les marques préférées concernant les vélos de route (cela démontre surtout la sur-représentation des américains dans la population générale de Strava, à mon avis). Tandis que Garmin confirme sa mainmise sur les compteurs vélo, et pas forcément avec les derniers modèles: les Edge 530 et 830 restent les plus appréciés. Enfin, 72% des activités sont enregistrées depuis un téléphone, ce qui montre que malgré les avancées des wearables, le smartphone demeure l’outil favori pour enregistrer ci et là ses sorties sportives.
Conclusion sur le rapport de Strava 2024
Cette année encore, le rapport de Strava nous donne pour 2024 un bel aperçu des pratiques, des tendances et des préférences des sportives et des sportifs. Mais encore une fois, attention aux biais de ces analyses effectuées sur une part spécifique d’une population sportive: une part connectée, avide de kudos et de partage social de leur activité. Il n’y a fondamentalement rien de mauvais à cela, mais les chiffres peuvent s’en toruver influencés. Ce qui est plus vrai, à mon avis, c’est que derrière les chiffres et les tendances, on devine une société où le sport devient un élément de lien entre les individus, un exhutoire au stress quotidien et à l’hyper-connexion. De manière plus cynique, c’est aussi le terrain de jeu des grandes marques qui ont bien compris que leurs messages marketing ont, pour beaucoup, parole d’évangile. Une année de plus qui nous pousse à réfléchir : notre pratique sportive évolue-t-elle grâce à ces outils ou sous leur influence ? Je me réjouis de vous lire en commentaires!
Le rapport annuel complet de Strava est disponible ici.
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Il y a un nombre impressionnant de gens inscrit plusieurs fois, de profil sans aucune activite
Il y a même des gens décédés depuis p’us de 3 ans !!
J’ai de sérieux doutes sur les chiffres annonces
Du coup, cela n’a d’impact que sur le nombre d’inscrits, et pas sur les autres données non?
Vu sur un tweet de DCrainmaker : Strava a compté toutes les générations d’AW comme un seul modèle, d’où leur première place. Idem pour les AW SE qui sont regroupées également.
Strava qui pourrait proposer tant de données… Comme par exemple les modèles de montres et chaussures utilisées sur marathon (ce qui enlèverait tous les comptes inactifs ou presque, par exemple).
Je ne pense pas que les comptes inactifs, qui existent évidemment, n’ont d’impact sur d’autres statistiques que le nombre d’abonnés. Qui est probablement largement grossi à dessein par Strava.
Il reste que peu importe la manière de compter, il suffit de voir les chiffres de vente de Apple et Garmin pour se rendre compte qu’il y a dans le monde une Garmin vendue pour 10 Apple Watch…
Les seules Apple Watch qui devraient se trouver enregistrées séparément sont les Ultra. À ce propos à quand une Ultra testée de fond en comble ? Merci
C’est le cas depuis deux ans: https://www.nakan.ch/wp/2022/11/24/lapple-watch-ultra-testee-de-fond-en-comble/ il suffit de cliquer sur les tests Apple dans le menu du site…
Merci j’avais loupé le test. J’ai une Ultra 1 depuis presque de deux ans. C’était aussi ma première Apple Watch. J’ai eu quelques difficultés à m’habituer pour la course et la rando. Principal reproche : la sensibilité de l’écran : si en hiver je porte un vêtement à longues manches il n’est pas rare que je me retrouve avec un autre écran que celui sélectionné.
Par ailleurs je ne peux que recommander WorkOurdoors ne fut-ce que pour la carto, la meilleure du marché à mon estime. Ne manque en suivi d’activité que l’ETA (temps estimé d’arrivée).
Apple de son côté pourrait proposer un mode Trail comprenant un split course/marche comme Suunto ou Garmin.
Salut Grég,
A ta question presque philosophie « notre pratique sportive évolue-t-elle grâce à ces outils ou sous leur influence ? », je dirais que beaucoup de novices utilisent Strava pour d’une part avoir un outil de collecte d’informations sportive (le succès des bilans personnels annuel en est le témoin) et d’autre part, avoir le soutien d’autres personnes. Ce soutien par les kudos est à mon avis très motivant.
Vu les chiffres données sur les performances, on peut en déduire que la répartition entre débutant/expérimenté est largement en faveur de la première catégorie. Ce qui expliquerait aussi pourquoi tant de groupes, de challenges font leur apparition car les marques cherchent plus à capter le débutant que le sportif expérimenté qui à déjà ses habitudes.
En tout cas, merci pour ta synthèse ^^