Un test d’effort (test de VO2Max) chez VO2Sport
Invité par les deux fondatrices de VO2Sport à aller réaliser un test d’effort, je me suis rendu il y a quelques jours dans leurs locaux pour mon second test du genre après celui de 2013 sur le vélo. Après une saison sportive compliquée, je sais que je ne suis pas dans un état de forme optimal, mais ce test pourra me permettre de faire le point sur mon état de forme et avoir des données fiables afin de planifier un entrainement correct durant l’hiver afin de revenir à une forme plus acceptable.
Pourquoi ce test d’effort ?
Au début de l’automne, l’équipe de VO2Sport m’a contacté pour savoir si j’étais intéressé par un test d’effort. Toujours en quête de données, de comparaisons et de possibilités de tests, j’ai accepté avec plaisir. Le rendez-vous fixé, j’ai reçu un formulaire de santé à compléter avant le jour du test et je suis arrivé le jour J dans leurs locaux à Yverdon-les-Bains.
Une fois sur place, petit briefing sur le déroulement du test et les choses sérieuses commençaient. En premier lieu, une analyse corporelle avec mesure de la taille, du poids, et de la composition corporelle sur une balance à impédance permet de mesurer la masse musculaire, squelettique et le taux de graisses. Ensuite, venait le moment de mettre le masque et de courir un peu…
La vidéo
Retrouvez l’intégralité du déroulement du test en vidéo, ainsi qu’un interview à la fin du test avec l’une des deux spécialistes de VO2Sport!
Protocole de test
Le protocole de test est relativement simple. Il consiste à démarrer pour une durée de 5min à une allure très facile, en échauffement, puis ensuite d’effectuer des paliers 3 minutes en augmentant chaque fois la vitesse de 1.2 km/h. Il faut donc courir ainsi jusqu’à ce que cela devienne trop dur en ayant bien sûr atteint son maximum. En fonction de la personne, la vitesse de départ sera adaptée, mais le protocole reste identique ensuite.
Durant le test, tous les échanges gazeux sont mesurés par un masque pour avoir une mesure précise de la consommation d’oxygène et du rejet de CO2. De plus, le volume total d’air est également mesuré.
Enfin, lors de chaque palier, une mesure de lactatémie est effectuée en prélevant une petit goutte de sang (pas de panique, seule une petit piqûre quasiment imperceptible est effectuée en début de test sur un doigt, il suffit ensuite simplement de presser un peu pour le prélèvement qui dure seulement quelques secondes).
Lors de mon test, après des paliers à 6.6, 7.8, 9, 10.2, 11.4, 12.6 et 13.8, les choses devenaient compliquées et je ne tenais que 2 minutes sur les 3 dans le palier à 15km/h…
Résultats
Lorsque les feuilles avec les résultats sont arrivées, le nombre de données et de graphiques qui y figurent peuvent avoir tendance à nous embrouiller plus qu’autre chose. C’est là que le débriefing avec les deux spécialistes devient particulièrement intéressant: comment interpréter et utiliser les données qui figurent sur ces documents…
Il ressort à mon sens trois données essentielles de ces documents utilisables immédiatement dans la planification de son entrainement.
Zones d’entrainement
Caractérisées par des zones de couleurs sur le graphique et dans le tableau en-dessous, ce sont les différentes zones dans lesquelles mon organisme va utiliser des filières énergétiques différentes.
- Dans la zone bleue, endurance de base, l’organisme consomme essentiellement des graisses pour fournir l’énergie. C’est en s’entrainant dans cette zone que l’on augmente son endurance et sa capacité à mobiliser plus efficacement la filière lipidique à des vitesses plus élevées.
- Dans la zone verte, endurance intensive, l’organisme va partager la consommation énergétique entre sucres et graisses. L’apport de l’entrainement dans cette zone est moindre que dans les zones plus basses ou plus hautes.
- Dans la zone jaune, dès le SV2 passé, l’organisme va utiliser essentiellement des sucres. C’est l’allure limite que l’on peux tenir en aérobie, et donc probablement l’allure sur des distances comme un 10km, voire un semi-marathon pour des athlètes pro.
- Enfin, la zone rouge, la zone de Vo2Max, est la zone de consommation maximale d’oxygène par unité de temps. Elle représente la puissance du moteur de l’athlète.
La planification de l’entrainement doit clairement tenir compte du temps passé dans chcune des zones pour tenter d’allonger le plus possible la zone bleue, et de pousser toujours plus loin la zone rouge, pour pouvoir aller plus vite, plus longtemps!
Dans les différentes zones d’entrainement, on retrouve des données d’allure et de fréquence cardiaque. Cette dernière étant potentiellement influençable par différents facteurs comme la température, la fatigue ou le stress, il est préférable de se baser sur les données d’allure pour cibler ces zones pour tous les entrainements effectués sur des terrains plats ou peu accidentés. Si le terrain d’entrainement devient très irrégulier (fortes pentes, course en montagne…) on se référera plutôt aux données de fréquence cardiaque.
Le seuil ventilatoire 2
En règle générale, on parle simplement du “seuil”. C’est l’intensité maximale dans la filière aérobie, donc typiquement l’allure maximum d’un 10km voire d’un semi-marathon. L’objectif du sportif d’endurance est évidemment d’améliorer cette valeur, cela lui permet d’aller plus vite sur une distance donnée. L’avantage de comparer cette valeur d’année en année est qu’elle n’est pas dépendante d’un facteur quelconque (comme la VO2Max lorsqu’elle est exprimée en ml/min/kg par exemple qui dépend du poids).
La Vo2Max
Enfin la VO2Max est la quantité maximale d’oxygène que le corps peut absorber au maximum de l’effort, généralement exprimée en ml/min/kg. De fait, elle dépend du poids corporel. Cette valeur n’est jamais utilisée directement dans la planification d’entrainement et n’est pas un indicateur absolu de performances, mais il permet d’avoir une valeur de référence pour suivre l’évolution entre plusieurs tests.
Planifier un entrainement optimal
Les données issues du test permettent aux spécialistes de voir assez précisément les habitudes d’entrainement de l’athlète, et en fonction, de lui recommander de modifier l’intensité et la répétition du temps passé dans chaque zone. Ceci afin de maximiser les effets de l’entrainement et de repousser le plus possible le seuil.
Elles permettent également de renseigner les zones de fréquence cardiaque de manière précise dans nos montres de sport afin d’avoir un meilleur calcul des données dérivées, comme la charge d’entrainement!
L’estimation de la VO2Max de nos montres est-elle précise?
Estimation de la VO2Max de la Garmin fenix 5
Les dernières montres Garmin intègrent un algorithme mis au point par la société finlandaise FirstBeat qui utilise la variabilité de fréquence cardiaque durant l’effort avec d’autres données pour estimer la VO2Max. Celle-ci est estimée pour autant que la fréquence cardiaque soit disponible (avec une ceinture traditionnelle ou via la mesure optique sur les modèles équipés). Afin d’avoir une estimation correcte, il faut également entrer des données correctes dans le profil utilisateur comme le sexe, l’âge et surtout le poids.
J’ai vérifié mes données et utilisé la balance Index de Garmin régulièrement dans les semaines qui ont précédé le test et la montre m’a estimé ma VO2Max à 50, au fil des entrainements à allure diverses. Une différence de 6% par rapport à la valeur réelle.
Estimation du seuil lactique de la Garmin fenix 5
En plus d’estimer la VO2Max, l’algorithme de FirstBeat permet également d’estimer la valeur de seuil, et propose lorsqu’une nouvelle valeur est détectée, de l’enregistrer. Ici la différence avec celle du test est plus marquée, puisque ma fenix 5 estimait mon seuil à 4:56 pour 184bpm alors que le test l’a mesuré à 4:23 pour 196bpm…
Estimation de la VO2Max de la Polar V800
Chez Polar, c’est le fitness test qui est utilisé pour estimer la VO2Max. Ce test est effectué au repos, et mesure également la variabilité cardiaque. J’ai effectué 3 fois le fitness test lors des jours qui précédaient ma venue chez VO2Sport et les données n’ont que peu varié entre les différentes mesures. La polar, plus généreuse encore que la Garmin, estimait une VO2Max de 54. Notez que là également, j’ai vérifié toutes les données de mon profil pour obtenir les résultats les plus précis possibles.
Conclusion
De nombreux sportifs sont confrontés au même problème: après quelques années de belle progression grâce à des plans d’entrainements trouvés sur internet ou générés par des programmes en ligne, les performances commencent à stagner et malgré l’augmentation du volume, les progrès sont de plus en plus faibles. Malheureusement, la logique pousse alors à augmenter encore et encore le volume et l’intensité des entrainements et les premières blessures ne manquent pas de surgir.
Il arrive un stade où les entrainements « tout faits » ne suffisent plus, il vient alors le moment de personnaliser l’entrainement, de le construire précisément autour des données physiologiques spécifiques à l’athlète. Le test d’effort est une brique importante de cette étape.
Grâce à des structures comme VO2Sport, ces tests et analyses deviennent accessibles à toutes et tous. L’investissement en terme de temps et d’argent est à la portée du plus grand nombre, et vaut à mon avis largement l’investissement d’un test annuel pour planifier au mieux sa préparation pour renforcer un peu plus ses points forts et améliorer ses points faibles.
Que vous soyez coureur à pied sur route, sur piste, cycliste ou triathlète et que vous pensez que vous atteignez les limites de votre entrainement: le test en course pied ou à vélo vous permettra de progresser de façon efficace et méthodique, j’en suis convaincu…
Il ne me reste qu’à préciser pour une transparence totale que ce test m’a été offert par VO2Sport (sans aucune autre contre-partie financière). Comme d’habitude, j’ai gardé la liberté totale du contenu de cet article ainsi que de la vidéo.
Merci pour la lecture et bon entrainement!
merci de la comparaison entre test d’éffort et valeurs des montres. Je me doutais que l’écart pouvait étre significatif, voila qui est prouvé.
Denis
Hello,
je constate également approximativement le même écart. Mais on va dire que c’est in the rough ballpark comme dirait DCR ;)
Je suis plus dubitatif quant à l’intérêt d’un tel test d’effort, même chez les pros c’est controversé… Un seul chiffre cristallise trop de choses. L’entraînement, l’effort et la performance, sont trop multidimensionnels pour être calibrés par une échelle longitudinale aérobie->VO2max.
As tu comparé la VMA trouvée par le test à un test 6 ou 12 minutes ? (plus difficile que l’épreuve d’effort je te l’accorde) ? Et la VO2max juste prédite par les FCrepos et max (un peu du doigt mouillé, je suis d’accord) https://docs.google.com/spreadsheets/d/1Pbxw0oVXuX9Pc1-mwfKK7wW5sl0ZggH3ChpKbSC2e3g/edit?usp=sharing
Merci pour cette revue encore une fois très intéressante!
J’ai déjà fait 3 tests d’effort chez VO2 sports (2 en course à pied et 1 vélo). Je dois dire que en tant qu’amateur j’ai apprécié le fait de bénéficier des conseil qui vont avec les mesures. J’ai pu bien progresser cette année, plus vite que par le passé ou je m’entraînait trop vite.
Voici les écarts que j’ai constaté dans la valeur de la Vo2max entre test labo et estimation Garmin:
– 1er test CAP (janvier 2017): labo: 36.3 / Garmin – Forunner 620: 36 (plusieurs centaines de sortie avec la 620 avant le test)
– 2ème test, vélo (mars 2017): labo: 35.4 / Garmin Edge1000 et Vector2: 44 (première utilisation) puis 38 après 3 mois d’utilisation des pédale vector.
– 3ème test en CAP (septembre): labo 38.8 / Garmin fènix 3: 43 (95 sorties effectuées auparavant).
Pour moi, les valeurs des montres doivent rester une indication (très) relative; En effet, la semaine passée, la Fénix me disait atteindre une Vo2max de 47! avec des estimation de temps de course en relation…. cela me fait rêver… 25 minutes de moins sur semi que ce que j’ai fait et dont je suis très content!!
Cependant il me semble qu’il y a quand même une tendance que l’on peut observer… et qui peut se faire poser des questions sur notre entrainement actuel quand la valeur descend…
Bonjour,
est-ce qu’il y a eu des conséquences en matière de chrono sur des compétitions ou des objectifs atteints avec votre gain de 7% de VO2Max (c’est un bon gain !) ?
Je comprends qu’avoir des valeurs chiffrés puisse aider à calibrer les entraînements, mais le coup du travail trop rapide, c’est hyper fréquent. Et le souffle est un indicateur facile et pas cher ! Plein de coureurs passent leur temps au seuil ou juste en dessous, ils rechignent à faire le travail qui récompensent plus : de l’endurance fondamentale vraiment facile alternée avec du travail d’intervalles courts à 90-110% de VO2max
Les temps de course sur les Garmin ont toujours été farfelus, même avec une VO2Max correct, je ne connais personne pour qui ça colle, du champion à 75-80 de VO2Max à l’amateur éclairé à 60…
Bonjour,
Je ne peux pas tirer de conclusions sur les performances en compétitions, (pas assez de courses avec des distances et profils comparables), cependant à l’entrainement j’ai constaté une nette amélioration. Je m’entraîne la plupart du temps dans les zones d’endurances fondamentales.
Au final ce qui compte c’est de trouver une méthode qui permette d’avoir du plaisir et de ne pas se blesser. Pour ma part, j’apprécie une approche « cartésienne » qui me guide, mais c’est mon opinion personnel et je respecte d’autres méthodes.
Bonjour. Super reportage, très instructif et utile, merci.
Ma question est : combien de temps doit-on s’entraîner dans la zone bleue, pour que le corps s’habitue et on peut passer à une valeur supérieure ?
Je m’explique : ma zone bleue est entre 110-120 FC, j’utilise des glucides, faibles valeurs lactiques, tout va bien. Mais après ‘3 mois’ par exemple, mon corps d’adapte et ma zone bleue passe à 120-130, puis à 130-140, etc. Les coureurs d’élites courent justement sur leurs réserves de glucides, mais leur taux d’échange gazeux est au tour de 180 FC, donc une vitesse élevée, d’où le marathon en 2h et plus.
Combien de temps faut-il au corps pour repousser la FC de la zone bleu à une valeur supérieure, 3mois, 6 mois, etc. ? Merci.
Nicolas