Performances sur les segments, Strava serre la vis
Tout le monde l’aura évidemment compris, il s’agissait du poisson d’avril 2022. Non, votre médecin ne devra pas certifier votre poids, ni votre notaire d’ailleurs!
La plate-forme Strava est une habituée des annonces fracassantes, et il se passe rarement un mois sans que l’on parle d’une fonction, d’une décision ou d’un changement de politique de l’application préférée des sportifs en mal de comparaison. Il est vrai que depuis maintenant de nombreuses années, on se compare entre sportifs sur des segments, des challenges, des cumuls de dénivelés ou de kilomètres. Pour certaines ou certains, cette application vire à l’obsession, on se souvient en particulier de l’épisode du piratage massif des services de Garmin, qui rendait la synchronisation des montres de la marque impossible durant près de 10 jours. Plusieurs sportives ou sportifs avaient alors décidé d’annuler ou de repousser leurs sorties pour pouvoir les afficher sur la plate-forme orange. Et toute personne qui a déjà utilisé l’application Strava s’est déjà posé la question: la performance sur ce segment du premier ou de la première est-elle légitime? Est-ce que le KOM/QOM que je vise depuis des semaines a été gagné par son ou sa propriétaire à la loyale? C’est certain, les abus et la tricherie existent sur Strava, mais quelle est leur ampleur? L’application elle-même semble se saisir de manière radicale du problème.

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Une confiance à conserver intacte
Pour que l’attrait de la plate-forme reste intact, Strava a tout intérêt à garder un écosystème équitable et juste. Qui voudrait continuer à batailler sur des segments si l’on sait que les premières positions ont été acquises sur des vélos électriques, à moto ou en voiture? Qui voudrait continuer à charrier ses collègues de club si ces derniers ajoutent des sorties générées par une IA dans leur flux d’activité ? C’est pour lutter contre cette utilisation abusive que Strava serait en train de travailler à une nouvelle version de ses conditions d’utilisation.
Des contrôles très poussés sur les meilleures performances

Alors qu’on sait que Strava garde un œil attentif sur les performances réalisées sur des segments en vue, par exemple la montée de l’Alpe d’Huez, les performances hors du commun réalisées sur la montée du Pré-aux-Boeufs de Châtel-sur-Morgnes-dessous semblaient passer sous le radar. Mais tout ceci pourrait changer, et conquérir un KOM/QOM ou devenir un/e Local Legend pourrait devenir un peu plus compliqué. D’après les premières fuites, des dispositions devraient entrer en vigueur avant l’été dans les conditions générales de la plate-forme, parmi lesquelles les mesures de contrôle suivantes.
Sexe, poids et âge seront validés
Avant de commencer, le profil de l’athlète devra refléter la réalité en ce qui concerne le poids, le sexe et l’âge, puisque des classements distincts sont effectués selon ces critères. Il ne s’agit que de la première étape, mais la véracité du profil sera une condition stricte pour pouvoir prétendre à des performances validées. Ainsi, il faudra fournir à la plateforme un document stipulant ces données et certifiées par un notaire ou un médecin agréé. Le document devra être renouvelé tous les 3 mois.
Bien entendu, il sera possible de continuer à utiliser l’app sans faire valider ses données, mais aucune performance sur des segments ne pourra être enregistrée.
Chaque sortie enregistrée pourra être vérifiée aléatoirement
Chaque activité chargée dans l’app pourra faire l’objet d’un contrôle. Ainsi, des opérateurs pourraient procéder à une enquête auprès des personnes qui ont apparemment effectué l’activité avec vous, vous demander d’envoyer pour expertise technique la montre ou le compteur utilisé pour enregistrer l’activité ou encore demander une corrélation des données des réseaux mobiles pour corroborer la présence de votre smartphone sur les lieux de l’activité enregistrée.
Si par hasard l’une de vos activité est visée par un tel contrôle et devait ne pas pouvoir être certifiée, toutes les activités réalisées dans les 6 mois précédents seraient invalidés, et un contrôle accru serait réalisé sur vos activités futures.
En cas de grosse performance sur un segment, mieux vaut prévoir des preuves
Enfin, l’élément principal est axé sur la vérification de toutes les « grosses » performances réalisées sur des segments. Si vous prenez un KOM/QOM, la performance sera systématiquement mise en attente de vérification. Alors, si votre profil est certifié, vous recevrez un message vous demandant des pièces justificatives. Plus vous pourrez en fournir, plus vite sera validée la performance, et les options sont nombreuses: images de caméras embarquée (type GoPro) ou de drone, certification de la performance par un notaire, expertise technique de votre vélo, rapports de tests d’efforts, certificats de calibration de votre capteur de puissance, rapports de tests anti-dopage… Envoyez tout ce que vous pouvez.

Aucun détail ne filtre actuellement sur la longueur de la procédure, ni le niveau de détails requis pour avoir réalisé une performance sur un « petit » segment. Strava annonce la mise en place de partenariats, par exemple avec les fédérations de cyclisme de différents pays, afin de procéder à ces contrôles.
Une nécessité, selon le responsable du programme
« La frustration de certaines ou certains abonnés les ont poussés à quitter la plateforme, pour nous c’est insupportable », commente John Shitbull croisé devant les bureaux de Strava aux États-Unis. Il nous indique être en charge de cette réforme. « Nous devions prendre des décisions fortes, et lutter contre ce qui pourrait devenir un fléau si on décidait de rester les bras croisés… ». L’homme est conscient de la contrainte que cela va imposer, il s’explique: « La lutte contre le dopage est quelque chose de lourd, de complexe et de coûteux, mais c’est quelque chose d’absolument nécessaire pour maintenir l’équité dans le sport. Notre politique va dans le même sens ». Quant aux coûts que cela pourrait engendrer, il se veut rassurant: « Les prix d’abonnements de seront pas modifiés, car notre politique est de reporter les frais inhérents à la fourniture de preuve à celui ou celle qui a réalisé la performance, et non à toute la communauté ». Avec un sourire, il affirme « De tout temps, Strava a été une plate-forme utilisée par quelques-un/es pour frimer. Désormais, il va falloir montrer patte blanche pour continuer à le faire, et payer quelques expertises… C’est tout! ».
Conclusion
Bien entendu, ces premières impressions seront à confirmer une fois que les règles définitives seront en place, pour savoir exactement de quoi il retourne. Encore une fois, le calendrier et les mesures qui seront réellement applicables peuvent encore largement évoluer. Et tant que rien n’est officiel, ne vous privez pas d’aller réaliser (en tout fair-play) de belles performances sur les segments. Mais ensuite… rien ne sera plus pareil.
Bien sûr, on peut entendre les arguments en faveur d’un monde plus juste, plus équitable. Mais pour bon nombre d’entre-nous, est-ce que tout ceci ne sera pas simplement le coup d’arrêt à toute tentative de conquête de KOM/QOM? Personnellement, je me vois mal passer tous les 3 mois chez mon médecin pour valider mon poids. Encore moins chez mon notaire…