Compte rendu

Triathlon de Nyon 2016

Depuis Lanzarote, mon esprit n’est pas vraiment focalisé sur le triathlon. Vous avez pu le constater en lisant le compte-rendu de Galway. Et depuis l’Irlande, j’ai certes repris un peu l’entrainement, mais il est loin d’être constitué de semaines de 12h de sport. On parle plutôt de 6-7h. Et l’intensité n’est pas non plus la plus grande. Peu de qualité, peu de travail spécifique à vélo, que des jolies sorties pour aérer l’esprit. Alors je ne veux pas dire par là que je me désintéresse du sport ou du triathlon. Au contraire, il me reste plusieurs compétitions et je planifie maintenant ma saison d’automne de course à pied. Mais quoi qu’il en soit, je ne sais pas vraiment où j’en suis quand il s’agit de performance en compétition.

tri_nyon_bike_web.jpgEt si d’habitude j’arrive sur une course comme Nyon avec force détails sur mes performances passées, les temps à faire pour améliorer la marque et le détail même dans chaque discipline, ce matin j’arrive sur place sans m’être intéressé à tout ça. Exactement dans le même état d’esprit que j’ai abordé le Challenge de Galway: prendre le départ, voir comment ça se passe, et agir en conséquence. Si ça ce passe bien, tant mieux. Si ça se passe mal, tant pis. Nyon, ce n’est pas la course A de ma saison.

J’arrive sur place à 11h15. Le départ de ma catégorie étant fixé à 13h, cela me laisse encore un peu de marge. Le temps de récupérer le dossard et de mettre le Kalibur en place dans la zone de change, il me restera suffisamment de temps pour mes rituels d’avant course et mon échauffement. Pendant que je prépare mes affaires, les annonces se suivent dans les hauts-parleurs. La plus importante est bien sûr l’autorisation ou non de la combinaison. Et malgré un lac bien chaud (22.4°C), l’organisation autorise la combinaison à cause du vent qui souffle et donc des vagues qui secouent le Léman. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour moi, sachant d’une part que je suis meilleur sur une natation sans combi, et d’autre part que je me suis peu entrainé en combi depuis l’Irlande (je ne l’ai sortie qu’une seule fois…).

tri_nyon_web.jpgEntre temps, j’ai retrouvé David et Steve, du club. On discute un peu avant de partir. Ils ont plus de temps, leur départ est fixé quelques dizaines de minutes après le mien. On se rend vers la piscine puis au bord du lac, lieu du départ. Le lac n’est pas démonté mais il secoue quand même beaucoup. Et les trois pauvres bouées qui délimitent la boucle à parcourir deux fois ne sont pas bien grandes. Je pars m’échauffer après avoir souhaité une bonne course à mes deux acolytes. Évidemment, j’ai passé la combi, il me serait trop dommageable en terme de classement de ne pas la mettre si elle est autorisée. L’eau est vraiment bonne, et y entrer n’est pas un problème. Je redoute même un peu la surchauffe dans le néoprène sur les 1500 mètres. Crainte infondée en réalité, ça passera parfaitement.

La natation

Après quelques centaines de mètre, je rejoins là zone de départ. Il ne reste que quelques minutes avant 13h. On nous fait sortir de l’eau pour le briefing, puis on y retourne… Enfin, dans le sas de départ. 2 minutes. Et le coup de feu. Dans ma catégorie, on est beaucoup. Ca tape tout de suite tant et plus. La navigation difficile, due aux vagues n’aide pas. Ça nage en travers, je me prends des coups de tous les côtés en même temps. Exaspéré, je m’écarte de la trajectoire idéale. Il me faut du calme pour ne pas m’énerver plus… Stratégie à peu près payante. Je passe au large des bouées, sauf la troisième à cause d’une trajectoire mal gérée, et ça reprend tant et plus. Ensuite, il faut viser la sortie de l’eau, et là je me plante en beauté. Mais vraiment en beauté, en visant en réalité la zone d’entrée de l’eau au lieu de la sortie. Je m’en rend compte bien tard, et le mal est fait. Je trouvais d’ailleurs curieux que le combat cesse brutalement. Je fais beaucoup de distance inutile dans la fin de cette première boucle…. Enfin, je rejoins la bonne arche et je sors. Je cours sur le bout de plage et retourne à l’eau. Ces sorties à l’australienne ne sont pas mes moments préférés. Le cardio explose, il faut retrouver un rythme… C’est reparti pour un tour… Le combat est moins rude, et la trajectoire est plus idéale dans cette deuxième boucle. Tout du moins au début. Car pendant mon premier tour, les départs se sont succédé et je ne tarde pas à reprendre les plus lents de la deuxième vague, puis à me faire dépasser par les kadors de la troisième. C’est de nouveau la foire d’empoigne! Vivement la sortie de l’eau… La trajectoire pour la fin de la boucle est meilleure, bien que non idéale. Pas fâché de sortir. Je déclenche ma montre: 29:59! Objectif moins de 30 minutes… atteint !

La transition est compliquée, car il faut remonter sur le stade, ça monte et c’est long. Pieds nus, ça rajoute à la difficulté. 4 longues minutes, presque 5, avant de pouvoir rejoindre mon vélo, mon meilleur ami de la journée, avant de filer comme le vent!

Le vélo

Probablement la discipline dans laquelle je me pose actuellement le plus de questions, j’ai peu roulé à vélo ces derniers temps. Mon kilométrage est en chute libre, et rares sont les sorties de plus de 40 kilomètres. Je sais que ce n’est pas vraiment un problème pour un classique, mais il reste deux half dans ma saison. En plus, j’ai choisi aujourd’hui de prendre un gros risque, en utilisant la lenticulaire derrière et une roue de 66mm devant. Si mes jambes flanchent, le vélo ne me le pardonnera pas. C’est la configuration la plus rigide que je puisse monter. Ce choix découle du fait que je prépare le half de Vichy, où je prévois l’utilisation de cette configuration là!

Quand je sors de la zone de transition, il y a du vent favorable sur la zone de plat qui marque le début de cette boucle à effectuer 4 fois. Donc je me dis que rouler à 45km/h n’a ici rien d’anormal. Arrivé au pied de la première difficulté, je ne me lève pas de la selle, en même temps souple en gardant de la cadence, je passe tout de même de manière musclée. Et je dépasse continuellement du monde. En haut de la bosse, je relance et fonce sur la zone de plat malgré le vent de face. Je commence à comprendre que mes jambes sont bonnes, et que je suis dans un très bon jour! J’ai l’impression que les roues ne touchent même pas le sol. D’où que vienne le vent, il est mon allié aujourd’hui. Dans le dos il me pousse, de face il ne me gêne pas. Le parcours est devenu plus rapide que les années précédentes, certes, car le revêtement d’une grande partie des routes a été refait à neuf et s’en trouve bien plus roulant. Mais cela n’explique tout de même pas les 35km/h de moyenne à la fin du premier tour. C’est du jamais vu. De plus, il faudra attendre la fin du deuxième tour pour qu’enfin un athlète me dépasse. Je n’ai pas souvenir d’avoir vécu ça sur un parcours vélo, quel qu’il soit ! Après le deuxième tour, la moyenne est presque à 36. Je suis tellement sur un nuage que je me demande à quel moment je vais m’effondrer…

J’entame pourtant la troisième boucle avec la même énergie, et sans avoir l’impression d’être excessivement entamé. Je dépasse beaucoup plus que je ne suis dépassé. Sorti de T1 à la 72ème place dans ma catégorie, je poserai le vélo à la 42ème! Je prends garde à bien me ravitailler, et à bien boire surtout. Le soleil est voilé par les nuages mais il fait tout de même lourd.

Le troisième tour bouclé à la même vitesse que les précédents, la raison me dit de baisser un petit peu le rythme sur la 4ème, pour détoxiner un peu les cuisses avant la course à pied. Mais la passion me dit de foncer… Je fonce! On verra pour la course à pie plus tard!

Le dernier tour, et toujours cette impression de rouler 5cm au dessus de la route. Incroyable. J’ai bien une petite explication… Ces derniers temps, bien que j’aie pratiqué moins de sport, je me suis malgré tout rapproché au plus près (en fait je suis même légèrement au-dessous) de mon poids de forme estimé. Je n’avais approché les 75kg qu’en 2012 avant Lanzarote (le premier). Depuis, j’oscillais entre 76 et 78kg. Mais depuis quelques semaines, je suis à 74. C’est tout ça de moins sur le porte-baggage!

Quand je pose le vélo avec inscrit 35.6km/h de moyenne sur le compteur, je n’y crois pas mes yeux. Temps total de 1:12:16 pour 42.9km. Je descend du vélo, cours le remettre à sa place, et après une transition de 40 secondes, me lance à l’assaut de ce redoutable parcours de course à pied!

La course à pied

Le parcours de Nyon est effectivement redoutable. Après environ un kilomètre à plat, le parcours grimpe pour passer au-dessus des voies de chemin de fer. Il vaut mieux avoir retrouvé son souffle avant d’arriver là. Après, de nouveau une petite côte puis le premier ravitaillement. Virage à droite, et là un long faux plat après une relance. Dans ce faux-plat, je ne trouve pas mon rythme. J’ai l’impression que mes pieds collent à la route comme à du bitume fondu. Et tout à coup, la fille qui terminera deuxième des championnats suisses me dépasse. Elle court plus vite que moi, mais pas trop non plus. J’essaie de prendre son rythme. 4:20 environ. En faux-plat montant, pour moi, c’est rapide. Mais je me dis que si je tiens jusqu’en haut, ça sera tout ça de gagné! Et je passe donc de 5:10 à 4:20. Surprenant, mais je tiens le coup. Arrivé en haut de la côte, virage à droite. Elle relance trop vite. Pas grave, j’ai trouvé mon rythme! Après le demi-tour, le parcours est plus facile, presque tout le long à plat et en descente. C’est bon pour le moral.

Le ciel se découvre un peu à ce moment et il fait très chaud sur la course à pied. Je bois à chaque ravitaillement, un peu à la fois. Quand je passe au stade à la fin de la première boucle, je suis content du chrono, mais j’ai des doutes… Je commence à être fatigué malgré tout! Moi qui n’osais pas rêver d’une course à pied en moins de 45min aujourd’hui, le mirage de cet exploit commence à se matérialiser… Mais il va falloir tenir!

La deuxième boucle commence à une bonne allure, 4:20 sur le plat, mais je redoute les côtes! Je sais que si je tiens jusqu’au demi-tour, après, quoi qu’il arrive, c’est gérable. Mais comme jusque là, je ne me suis pas focalisé sur mon chrono et que ça m’a plutôt réussi, je ne regarderai plus ma montre jusqu’à l’arrivée. Je mets toute l’intensité qu’il peut me rester sur ce parcours. Arrivé au demi-tour, je sais que quoi qu’il arrive ma course est réussie. Mais je suis encore loin de penser que je vais battre mon record personnel de l’épreuve, qui datait de 2012, en 2:36:52. La descente finale, puis les 800 derniers mètres. Je dois être à 4:00. Pour moi c’est du sprint à ce moment là. Quelle satisfaction de passer la ligne, je n’aurai pas refait un tour! Finish en 2:32:21.

Bilan

tri_nyon_zc_web.jpgMon record personnel vieux de 4 ans vole en éclat en ce samedi après-midi de plus de 4 minutes! Et satisfaction ensuite quand je vois que mon temps de course à pied est de 44:52.

Deuxième expérience consécutive de triathlon abordé sans pression et sans objectif, pour un résultat plus que probant. Et quel bien ça fait au corps et à l’esprit une compétition pareille sur laquelle on lâche tout! La confiance est bien là avant le classique de Lausanne, puis le half de Vichy! Enfin, terminer 42ème dans ma catégorie pour la course faisant office de championnat suisse, je trouve ça plutôt correct.

Merci à tous ceux qui ont rendus cette course possible, dans le cadre des championnats du monde universitaires organisés à Nyon cette année. Organisateurs et bénévoles, vous êtes impeccables. A vous tous, lecteurs du blog, qui me saluez ou échangez quelques mots, merci pour vos encouragements! Aux collègues du club, à ma famille, aux supporters, qu’ils aient été au bord de la route ou à distance. A ma meilleure supportrice. Merci à toutes et tous!

2 commentaires

  1. Joli récit une fois de plus… Perso c’est comme ça que j’ai fait mes meilleurs résultats, sans pression, sans montre, capteur, compteur, etc… Au feeling!

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