Compte rendu

Ironman Lanzarote 2016

Durant la longue période de préparation d’un Ironman, on passe par tout un tas d’étapes et de sentiments. Il y a les doutes, les certitudes, les périodes fastes et encore les doutes. Au fil des entraînements, on analyse, on planifie, on calcule des watts, des allures et des temps. On dessine un plan de course, une stratégie: en terme de gestion de l’effort, de ravitaillement, de transitions, de matériel. En prenant le départ d’une distance complète pour la troisième fois, je pensais avoir des points de repères, des éléments auxquels me raccrocher.

En février, j’arrive confiant sur l’île pour une semaine d’entrainement. Les conditions sont parfaites tout au long de la semaine, et les kilomètres s’accumulent dans les trois disciplines, avec même une reconnaissance presque complète du parcours vélo. Ce jour là, il y a du vent, comme bien souvent sur cette île, mais les jambes sont bonnes et les kilomètres s’ajoutent au capital confiance à trois mois de la course.

La préparation continue au rythme des séances planifiées par ma coach, à peu près correctement bien que les conditions météo difficiles de ce début de printemps ne permettent pas un grand nombre de sorties très longues à vélo. Les deux courses de préparation, le tri de Cannes et le 70.3 de Aix se déroulent à merveille, bien que la natation de ce dernier soit passée à la trappe.

Les certitudes prennent le pas sur les doutes. Ma préparation et ma condition sont largement meilleures qu’en 2012, lors de ma première participation.

On débarque sur cette île mardi matin avec Jérôme, mon co-équipier de club, et Vérène, triathlète romande qui m’a demandé quelques conseils après avoir lu mon compte-rendu de course de 2012 pour sa première participation ici. Le plan de cette dernière semaine est très léger: mercredi sortie vélo de 2h30, jeudi reconnaissance de la boucle de natation et vendredi léger footing. Tout se passe à merveille, bien que l’entrainement de natation ne sonne le glas de mon objectif probablement un brin optimiste de tenter de viser l’heure pour les 3.8km.

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Durant la journée précédant la course, la question qui taraude tout le monde concerne les conditions météo. A quel vent et quelles températures s’attendre? Les habitués de l’île le savent: les prévisions ici ne pèsent pas bien lourd, et c’est le jour même qu’on saura quelle saveur aura l’édition 2016 de cette course!

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Le samedi 21 mai, je me lève tôt. A 4h15. Une douche et un petit déjeuner et direction la zone de départ. Derniers préparatifs autour du vélo: installation du compteur, vérification de la pression des boyaux, installation du ravitaillement. Dernier coup d’œil dans les sacs de transition. Tout est prêt.

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J’enfile la combinaison. Il fait nuit noire. On descend sur la plage pour un petit échauffement dans l’Atlantique, agréable car la température de l’eau est bonne, entre 20 et 21°C. Mais on y voit rien, surtout avec mes lunettes fumées dans l’obscurité presque totale. Ca m’avait déjà fait peur en 2012: le soleil se lève d’un coup ici, quelques minutes seulement avant le coup de feu.

A 15 minutes du départ, on sort de l’eau et on commence à se placer sur la plage, derrière l’arche de départ. Je me positionne à peu près au même niveau que lors de ma dernière participation, au niveau des 65-70 minutes. Dernière poignée de main avec Jérôme, qui ira se placer quelques mètres plus en arrière. Bonne course l’ami! Le speaker multiplie les annonces, mais je n’y prête pas une grande attention. Le soleil se lève, et en l’espace de quelques minutes, il fait jour. L’alignement de triathlètes sur cette plage a quelque chose d’irréel. Les visages sont fermés. J’ajuste mes lunettes. Le speaker se tait, place à la musique… Je visualise ma natation, et pense au reste de la course. Ca va être une longue journée. Et puis la corne de brume retentit.

La natation

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Photo prise lors de mes entrainements les jours précédents la course.

L’avant de la colonne se jette à l’eau. Je marche sous l’arche, puis cours dans l’eau. On continue à courir tant que le niveau de l’eau est inférieur aux genoux, puis on plonge. Il y a beaucoup de monde, et ça tape un peu. Je reste un peu sur le côté droit pour éviter le gros de la masse. Le parcours a un peu changé, et le virage est bien plus régulier, donc pas d’accumulation de nageurs et c’est tout de même bien plus fluide qu’en 2012. Je tourne les bras en essayant de suivre le gros de la meute. On atteint rapidement la zone dans laquelle on ne voit plus le fond, même si l’eau est très claire. Plus que cette masse bleue, dans laquelle flottent les bulles des nageurs qui me précèdent.

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Photo prise lors de mes entrainements les jours précédents la course.

Je tourne les bras, sans me fatiguer. Je suis loin d’être à fond, il s’agit surtout de s’économiser pour la suite de la journée. Les mètres défilent vite et on atteint rapidement le fond de la boucle, moment auquel il faut tourner à gauche. Je vise bien la bouée, mais tente de ne pas non plus passer trop à la corde. Le virage nous fait revenir en direction de la plage, et nous avons désormais les vagues de travers. Rien de bien méchant, car la mer est loin d’être déchainée, mais c’est un peu moins facile de garder la bonne trajectoire. On continue à avancer vite, et la deuxième bouée approche. On commence à apercevoir à nouveau le fond, et quelques rochers. Au moment de faire demi-tour, je suis plus proche de la bouée et le combat reprend un peu. Après le virage, je suis un groupe de trois nageurs qui avancent bien. Le retour est un peu plus difficile. Premièrement, car il y a moins de bouées pour indiquer la direction, et aussi probablement car il y a moins de courant favorable à cet endroit. C’est une ligne droite qui nous emmène vers la sortie à l’australienne. Certains nageurs se mettent à marcher dès qu’ils ont pied, je continue à nager jusqu’à ce que je touche le fond avec les mains, c’est plus efficace.

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Sortie de l’eau, première boucle en 32:35. Je cours mais sans faire péter la caisse sur une centaine de mètres sur la plage, puis on retourne à l’eau. C’est reparti pour un tour, et on est encore un bon paquet à nager ensemble. La première partie semble un peu plus compliquée que lors du premier passage. Pourtant, je nage plus proche de la corde, et j’essaie au maximum de profiter des bulles. J’augmente un tout petit peu l’intensité, mais la sensation de vitesse est moindre. Heureusement, à la moitié de cette deuxième boucle, on est bien plus à l’aise, les espaces sont faits entre les nageurs. J’en vois qui partent trop à l’extérieur et me concentre à viser mes repères et de passer assez proche des bouées.

Au virage de la troisième bouée, je jette un oeil à ma montre et constate que ce tour est tout de même moins rapide que le précédent. J’essaie encore de profiter un maximum des bulles des autres nageurs sur le retour. Sortie de l’eau quasiment dans le même temps qu’en 2012, en 1:07:25 pour ces 3.8km.

T1

Commence alors une longue transition. Une bonne centaine de mètres à courir sur la plage, avant d’arriver à l’entrée de la tente de transition. Ensuite, passage devant les racks de sacs, et on récupère son sac de vélo, puis on entre dans la tente. Là, il faut y aller avec méthodologie si on ne veut pas mettre du sable partout. Je termine d’enlever ma combinaison, puis je commence à mettre de la crème solaire mais un bénévole s’approche de moi avec un tube et me demande si il faut en mettre. Il me tartine les bras et les jambes pendant que je m’en met un peu sur le visage. Ensuite, j’enfile le casque, et les lunettes de soleil, je passe mon dossard et je prend à la main une paire de chaussettes et une bouteille d’eau. Je dépose mon sac dans lequel j’ai rangé ma combi, mon bonnet et mes lunettes et je sors de la tente.

Je remonte en direction de la zone de change, et une fois sur le bitume, je m’arrête, vide la bouteille d’eau sur mes deux pieds pour enlever le sable et file vers mon vélo. Une fois arrivé vers le destrier, j’enfile mes chaussettes et cours vers la sortie du parc, aussitôt la ligne passée, je saute sur le vélo et commence à pédaler, les pieds posés sur les chaussures qui m’attendaient sagement, fixées sur les pédales. Première transition en 7:46. Il y a là bien du progrès par rapport à 2012 (plus de 15 minutes).

Le vélo

Les premiers mètres de ce parcours vélo s’effectuent sur une route étroite, et il y a un peu de monde sur le route. Pas vraiment le moment de faire des acrobaties. Je continue donc à pédaler les pieds sur les chaussures quelques minutes, avant le premier virage. Enfin, j’ai un peu plus de place et passe les pieds dans les godasses, puis ajuste le velcro.

Ma coach m’a drillé sur le départ vélo: durant les 15 premières minutes, vas-y super tranquille. Pas la peine d’en faire trop, ça risque de se payer plus tard. Je pédale à 200 watts maximum, et attends la première bosse, qui remonte depuis Puerto Calero en direction de Yaiza. Première double difficulté, non seulement ça monte, mais en plus, le vent et quasi pleine face, et il souffle déjà bien fort. Ca ne monte pas très vite, mais on y laisse déjà des forces! En arrivant au rond-point, répit car on tourne à gauche et le vient redevient plus favorable. Jusqu’à Yaiza, aucune grosse difficulté et le vent est avec nous, et une fois passée la petite ville, que nous ne faisons en fait que contourner, le parcours nous emmène dans une longue descente avec un vent favorable. La route est ici de bonne qualité et la moyenne monte vite.

Le ciel voilé et le vent rendent les conditions largement supportable. Il ne fait pas trop chaud et le soleil ne tape pas, grâce à la couverture nuageuse assez dense. Mais une fois en bas de la descente, quand il s’agit de tourner à droite et de prendre la direction d’El Golfo, on se rend véritablement compte de la force du vent en ce samedi matin: il souffle fort, très fort même. Le décors de cette route côtière, la roche volcanique déchirée d’un côté et l’Atlantique agité de l’autre, est des plus incroyables, mais à ce moment, il faut travailler dur pour lutter contre les éléments.

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Une fois la boucle passée, on remonte sur les hauts de Yaiza puis on tourne dans le parc national de Timanfaya, et cette légendaire route qui trace tout droit dans le champ de lave, montant crescendo vers les montagnes de feu. Ici, le vent est quasiment pleine face. Premier gros test!

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En arrivant des les pentes les plus importantes, juste avant de basculer, j’ai bien compris que cette journée n’allait pas se passer comme prévu. A ce moment, pour moi, il n’est plus question de watts ou de vitesse moyenne. Il faut juste partir au combat contre ce vent, et espérer en sortir vainqueur. Cela se confirme juste après la petite descente de l’autre côté des montagnes, alors que nous prenons la direction de Tinajo et que malgré une section habituellement plutôt roulante, j’ai l’impression de rouler en soufflerie.

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Passage à Tinajo et le parcours est ici légèrement différent de celui que je connaissais, à cause de travaux en bas de la ville, on effectue un léger détour. Long plat, toujours ce vent en pleine face. De voir côte à côte le chiffre des watts et de la vitesse est dur, ça n’avance pas… J’essaie de me concentrer sur mon ravitaillement. Il faut bien s’hydrater, même si le temps est toujours couvert, il commence à faire assez chaud, et la journée est encore longue.

Au niveau du liquide, je compte essentiellement sur les ravitaillements de l’organisation, alternant entre eau et boisson iso. Pour ce qui est du solide, j’ai embarqué quelques barres Cliff coupées en deux, une barre Isostar et 4 sandwichs salés, pour un peu plus tard. Rien que du très classique en ce qui me concerne: on ne change pas les trucs qui marchent à peu près ;-)

En repassant sgreg_bike_01_webur le bas de Tinajo et en prenant la longue descente qui mène à La Santa, je pensais pouvoir me reposer un peu et profiter d’un peu de roue libre. Vain espoir, car il faut continuer à appuyer pour ne pas s’arrêter. On est à peine à 60km et les jambes fatiguent déjà. Et le temps de passage au niveau de La Santa finit d’enterrer définitivement toute velléité d’amélioration par rapport à 2012. Il faut arrêter avec toutes ces informations, je passe mon Edge 520 sur l’écran de la carte, sans aucune autre information que l’alarme toutes les 20 minutes qui me rappelle que je dois me ravitailler. Il ne me reste qu’un seul objectif maintenant: ramener ce vélo à Puerto Del Carmen, peu importe quand.

Après le passage de Famara, enfin un court instant de répit quand on tourne à droite pour la longue remontée vers le rond point en bas Teguise. Cette portion commence avec un faux plat montant qui semble bien facile avec le vent enfin favorable. La route remonte un peu, mais le vent est toujours dans le dos, mais au moment de tourner à gauche, revoilà le copain Eole qui nous assomme tant et plus. Il faut passer la côte, mais commencer à faire l’inventaire des force qu’il reste car les deux gros morceaux, à savoir les deux miradores arrivent. Passé Teguise, la route est en faux plat descendant sur quelques kilomètres, je me pose, bien calé sur mes prolongateurs et rassemble mes forces. Je m’envoie le premier sandwich, il doit approcher midi, et le ciel commence à se découvrir, laissant les rayons du soleil filtrer à travers quelques trouées dans la couverture nuageuse. Je suis un peu étonné avant d’arriver au pied de la petite bosse avant Los Valles de ne pas y trouver le tapis de chrono pour le temps intermédiaire du vélo, et j’arrive à Los Valles, indiquant le début de la montée du mirador d’Haria, la plus grosse difficulté de la journée.

Le début de la montée n’est pas méchant, mais un premier virage serré indique le début de la véritable partie compliquée. Tout le monde se met debout sur les pédales, mais le pire reste à venir, car à quelques encablures, on tourne encore un peu et on se retrouve à découvert, sur une route qui monte fort, en plein dans le vent. Pas de hasard, c’est là que se trouve le plus grand parc éolien de l’île! Je m’étais préparé à passer un moment compliqué ici si le vent soufflait fort, mais pas au point de devoir tirer des bords sur la route à 9km/h pour ne pas poser le pied par terre… Personne autour de moi ne semble faire le fier à ce moment là. Tout le monde lutte, certains debout sur les pédales pour appuyer fort, d’autres couchés sur les prolongateurs pour être le plus aéro possible. Les mètres passent lentement et dans la douleur. Enfin j’aperçois le poste de ravitaillement personnel. On a pu déposer le matin un sac perso pour le retrouver ici. La seule chose qui se trouve dans le mien est un deuxième boyau de rechange et une cartouche de CO2, au cas où, mais comme je n’ai pas crevé, je passe tout droit, et bascule dans la jolie descente qui serpente entre les parois abruptes.

Pas de problème particuliers dans la descente, qui permet de relâcher un peu les jambes avant de traverser Haria, puis de recommencer à lutter dans les pourcentages quasiment sans transition pour rejoindre les pentes les plus raides de ce parcours vélo. De ce côté de l’île, le revêtement des routes est moins bon, et les changements de direction sont plus hasardeux. On arrive dans la fameuse rampe, vent de face, plus de 10% sur environ 300 mètres. Tout le monde est au charbon pour rester sur le vélo. 6km/h, debout sur les pédales. J’ai envie de m’arrêter au bord de cette fichue route et d’appeler un taxi. Mais j’ai pas de fric, alors je continue, jusqu’en haut. Une fois ce raidard passé, on prend la petite route qui longe la falaise et qui nous mène en haut du mirador del Rio. Ca monte, mais rien à voir avec la pente que l’on vient de passer. Et même si la pointe de l’île est ce jour là plongé dans une nappe brumeuse, je profite tout de même du panorama magnifique sur la Graciosa. Un peu de beauté dans ce monde de brutes…

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Arrivé en haut du mirador, je profite du ravitaillement pour embarquer de l’eau et de l’iso, et entamer cette longue descente. A partir de là, le plus dur de ce parcours est fait. La suite se passe principalement avec le vent favorable, et il reste peu de montées. Mais comme sur cette île, rien n’est jamais facile, il faut se méfier. La descente est l’occasion de bien se ravitailler, avaler un deuxième sandwich et un peu de barres sucrées et également bien réhydrater. La route est d’un revêtement parfait, la descente ne présente aucun virage piégeux et le vent qui pousse, enfin un peu de sentiment de vitesse!

Il y a 10 bons kilomètres en quasi roue libre jusqu’à Arrieta, puis encore une longue section de plat avec toujours le vent dans le dos. La moyenne remonte un peu, je ne peux m’empêcher d’y jeter un coup d’œil. Elle vient de repasser au dessus des 25km/h. Quand il faut recommencer à pédaler dans les petites côtes de cette longue route, je sens que j’ai laissé quasiment toutes mes forces jusque là, et me demande bien comment je vais rallier Puerto del Carmen. Je n’ose même pas penser au marathon.

Les jambes et le dos commencent à faire un peu mal en position aéro sur cette longue langue de bitume jusqu’à Tahiche. Mais les choses se compliquent encore quand on tourne à droite au rond-point pour remonter vers Nazaret. De nouveau le vent dans le nez et dans une pente qui ne cesse d’être de plus en plus difficile, le slalom reprend un peu. Un concurrent italien qui est à ma hauteur se tourne vers moi, et dans un anglais d’autant plus hésitant que le pauvre homme est à bout de souffle me dit « J’en peux plus… ». Moi non plus, vieux, j’en peux plus, et c’est pas encore fini. Entrée dans Nazaret, virage à gauche et ravitaillement, et enfin littéralement deux kilomètres sur la route de l’enfer. En février, j’y avais fait cette vidéo:

Épuisé d’avoir bataillé pendant presque 6 heures sur mon vélo contre tous les éléments, voilà comment l’organisateur de cette course me remercie. Pour passer le plus confortablement possible sur cette portion de route, il faut rouler vite. Facile à dire… Même avec le vent dans le dos, j’ai plus les jambes d’un jour d’entrainement. Il y a tout qui saute, qui vibre et qui fait des bruits bizarres, et la route est déjà jonchée de bidons, de boyaux, de chambres à air et de tout un tas d’autres pièces difficilement identifiables. Quand enfin j’arrive à la jonction vers la route de San Bartolomé, c’est un peu la délivrance.

Il reste 30 kilomètres, dont les 10 derniers en descente. Et le reste du parcours est d’un bon revêtement. D’abord 15 kilomètres de petites bosses. J’essaye de me poser sur les prolongateurs et de pédaler régulier, mais mes trapèzes dorsaux sont maintenant bien difficiles à convaincre.

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Quand enfin on prend à droite en direction de Tegoyo, et bien que cela remonte un peu, je pousse de ma dernière énergie sur mes pédales. Une fois la haut, ça descend jusqu’à Puerto, et donc quasi jusqu’à T2. La petite route qui serpente depuis Tias m’a valu une crevaison en 2012, je redouble donc d’attention dans la descente, sans pour autant mettre un coup de pédale. Le vent de côté est toujours bien fort, mais je ne suis pas le plus maladroit dans ce genre d’exercices, et j’arrive sans encombre au bas. La poignée de kilomètres qui reste pour rejoindre la ligne d’arrivée se font de nouveau vent de face, mais la simple perspective de pouvoir enfin poser ce vélo me fait oublier la douleur. des jambes. Mais d’un autre côté je commence à sérieusement me poser la question du marathon. Comment diable va-t-il être possible de courir après ça ? En longeant la plage à Puerto, dans les dernières centaines de mètres, je sors les pieds des chaussures, arrête le chrono du compteur qui affiche 6:52:48 pour ces 180km et me prépare à descendre.

T2

Passée la ligne, je pousse mon vélo quelques mètres puis le laisse à un bénévole. Je me dirige ensuite vers les racks de sacs. Je prend mon sac de course à pied, puis direction la tente.

J’y retrouve une armée de bénévoles, munis de tubes de crème solaire. Il y en a une qui s’approche de moi, et comme le soleil brille désormais de tous ses rayons, je ne refuse pas l’offre. Tartinage intégral. Je m’assied un moment sur le banc. Ensuite, j’enlève mes chaussettes, je passe un peu de Nok sur les pieds, avant d’en remettre une paire neuve. On a tous ses petits plaisirs ;)

Je vide mes poches pleines de papiers vides, y mets mes sucres de raisin préparés pour cette course à pied, enfile ma casquette et je me relève. Dur! Comment ça va se passer maintenant? Je me mets à courir en sortant de la tente, passe le tapis de chronométrage. Je débarque sur le marathon comme le gladiateur arrive dans l’arène avant que les lions ne soient lâchés. Transition en 7:29.

La course à pied

greg_run_01_webJe n’en reviens pas vraiment de pouvoir courir à ce moment. Pas d’euphorie tout de même, laissons passer les premiers kilomètres, pour voir. Au premier ravitaillement, situé assez proche de la sortie du parc, un gobelet d’eau sans ralentir, j’aurai bien le temps de marcher le long de ces tables plus tard. Ce marathon n’est pas plat. Pas de terribles côtes, pas de longues descentes, mais ces incessantes petites bosses d’une centaine de mètres maximum avec une poignées de mètres de montée et de descentes, qui au fil des tours portent le dénivelé total à presque 400 mètres.

Je cours le long de la route qui constitue les derniers mètres du vélo et je vois Jérôme qui en termine aussi, en route vers T2.

La première boucle fait 21km, il faut donc se motiver à une longue ligne droite de 10.5km, en plein soleil, pour aller faire demi-tour au delà de Playa Honda. Les premiers kilomètres passent à 5:30/km environ, et même si les jambes sont lourdes, tout se passe pour l’instant mieux que je ne l’imaginais en posant le vélo. Mais il fait bien chaud. Je n’hésites pas à utiliser les éponges distribuées le long des tables de ravitaillement pour m’asperger, et me ravitaille le mieux possible. Pour l’instant, l’estomac accepte sans broncher ce que je lui donne, profitons-en, ça pourrait ne pas durer.

Après un peu plus de 5km, passage au point de demi-tour des boucles 2 et 3, qui sont effectivement plus courtes pour la seconde moitié de cette course à pied. Mais ma route à moi continue le long de la piste de l’aéroport. Le vent balaye la côte et il faut serrer fort la casquette pour qu’elle reste en place. Les cuisses commencent à piquer, et je ne suis même pas au quart. Les montées et descentes reprennent une fois arrivé à Playa Honda, et cette boucle semble bien interminable.

Toujours ces bosses, ça monte, ça descend, on longe la route, remonte sur un trottoir, puis retour sur les longues promenades le long de la plage. Heureusement, les ravitaillements sont nombreux et je m’asperge régulièrement pour résister au chaud. Quand enfin je vois le demi-tour, je reprends un peu espoir. Les kilomètres deviennent longs et les jambes font mal. J’aurai au moins couru honorablement sur 10.5km, mais le retour devient plus difficile. Je m’accroche pour ne pas marcher, et concentre mes efforts pour ne pas penser qu’il reste encore plus de 30 kilomètres.

Je me suis préparé psychologiquement à me motiver, pour ne pas marcher, pour ne pas me laisser envahir par les pensées négatives. Je savais que ce moment arriverait. Mais comment diable aurais-je pu imaginer que ce soit le cas après seulement 10km? Sur le chemin du retour, je croise Jérôme, qui court avec Vérène. C’est con, mais le simple fait de croiser des personnes qu’on connait, ça motive. On se sent moins seul. Au fil des ravitaillements, les boissons sucrées ont de plus en plus de mal à passer.

Sur le bord de la route, les spectateurs sont nombreux et pas avares en encouragements. Chaque mètre devient un peu plus difficile. Je rejoins enfin le demi-tour de la boucle plus petite, la moitié du retour est donc faite. La moyenne baisse, et s’approche des 6min/km. Sur les ravitaillements, je ne prends plus que de l’eau, et j’ajoute un sucre de raisin avant. En espérant que cela tienne jusqu’à la fin avec un si pauvre apport énergétique. Je marche le long des tables, puis me remets à courir jusqu’au prochain. Il faut s’accrocher.

« Pense à plus rien, cours ». Ça marche pas. On ne peut pas penser à plus rien dans ce genre de situations, on pense tout de suite à des trucs moches, aux genoux qui font mal, aux mollets qui commencent à s’allier aux quadris pour te dire que là, ça va plus être possible…

« Pense à des trucs cools, et cours ». Yep, bonne idée. Je dois penser à quoi? La seule chose à laquelle j’arrive à penser en ce moment, c’est que j’ai une furieuse envie de me mettre à marcher… Quand je fais enfin demi-tour devant la ligne d’arrivée pour récupérer mon premier chouchou après le semi-marathon, je ne fais pas le malin.

Seule pensée positive: cette boucle là, elle va être plus courte. Mais par contre, au niveau des ravitaillements, plus rien ne passe… Je me force à boire un peu de Coca et de l’eau à chacun de mes passages, pour assurer un minimum d’apport en énergie. L’allure continue à chuter, autour des 6:20/km. Je n’en peux plus. Je croise Jérôme, il est aussi dans le dur.

Arrivé au bout de la boucle, demi-tour, et je relance la machine, tant bien que mal. Encore 15km. On arrive en fin d’après-midi et il commence à faire moins chaud. Retour vers la ligne pour récupérer le deuxième chouchou. Quelle course à pied… Je repense à mon negative split de Zurich en 2014. Ici, ça va pas vraiment se passer comme ça…

greg_run_02_webLe dernier tour. Il ne me reste plus rien. J’en suis là, à la limite, celle que je viens chercher sur des courses aussi longues. Plus aucune énergie, plus aucune force, que cette volonté qui fait que je continue à courir, à 6:40/km. J’ai l’impression de ne plus ressembler à rien. Chaque kilomètre semble durer une heure. Comme si le temps et les distances s’étaient allongées à l’infini. J’ai envie de partir sur la plage et de me jeter dans l’eau fraîche, puis de me coucher sur la plage. Je ne me ravitaille quasiment plus, j’ai le ventre à l’envers.

Le demi-tour, enfin. Il reste 5 kilomètres. Ici même, en 2012, j’avais retrouvé des jambes pour terminer ce marathon en courant un peu plus vite. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la même chose. Reste que le retour, quand on sait que c’est pour aller passer cette ligne d’arrivée, ça a un côté rassurant. Je calcule. Je vais faire combien de temps si je marche depuis là. Et puis non, j’ai encore la possibilité d’égaler mon temps de 2012, et j’ai couru 37km, je vais bien pouvoir le faire encore pour 5.

4 kilomètres encore, puis le dernier ravitaillement. Et enfin, un peu d’énergie revient. Il n’en reste qu’un. Ca repart, énergie venant à peu près de nulle part, mais je cours à nouveau à 5:40/km. J’encourage Jérôme, qui attaque sa dernière boucle. Courage l’ami! Et puis, il y a cette ligne d’arrivée, enfin! Arrivé sur le tapis, il me reste 50 mètres je salue le public qui applaudit, et je passe sous cette arche. 4:27:06 pour ce marathon de l’enfer, mais quelle joie d’être arrivé au bout, sans rien avoir lâché.

Avec un temps total de 12:42:35, je fais moins bien qu’en 2012 (12:40:54), mais la course aujourd’hui n’avait rien à voir. Rien du tout.

Voici à quoi ressemble ma courbe de vitesse sur ce marathon:

marathon

Après l’arrivée

On me passe ma médaille autour du cou, puis je sors de cette petite zone d’arrivée, et je m’asseye un moment. Après quelques minutes, je me relève pour saisir une bouteille d’eau, et une bénévole vient récupérer ma puce. Dans la foulée, on me donne mon T-Shirt de finisher et un petit papier récapitulant mes temps. Une dizaine de minutes encore, et je commence à avoir faim, et un peu froid. Je vais donc récupérer mes affaires laissées là le matin, pour mettre la main sur mon téléphone, et sur mon survêt, pour me tenir un peu au chaud.  Puis c’est au tour de la salade de pâtes et de la paëlla. Maintenant que je ne cours plus, aucun problème pour engloutir tout ça, accompagné d’au moins un litre d’eau.

Je jette un œil à mon téléphone. Pleins de messages d’encouragements et de félicitation de la famille, des collègues, des membres du club. Quelques messages de remerciements, puis je retourne du côté de la ligne d’arrivée, pour encourager les copains encore sur le parcours, et les attendre après la ligne d’arrivée. C’est d’abord Vérène qui arrive. Puis c’est au tour de Jérôme, d’en finir.

Bien plus tard, Après que Jérôme ait eu droit à sa ration de Paëlla, on récupère le vélo et les sacs, et on retourne à l’hôtel. Lorsqu’on débarque dans la cour, le buffet vient de fermer mais la terrasse est bien remplie de gens affairés à leurs cocktails, et nous avons droit à une véritable standing ovation. Moment sympa! Il ne reste alors que quelques mètres qui me séparent de mon lit. Mon corps entier est HS. Je me force à boire encore un demi-litre d’eau avant de dormir.

Le lendemain

Au réveil, les jambes sont en bois. Les quadris sont raides comme deux blocs de béton. Les mollets tirent un peu, mais rien de dramatique. Un petit début de tendinite sous le pied gauche, mais sinon, tout va bien. Le matin, aucune précipitation pour prendre un petit déjeûner gargantuesque. Il faut bien récupérer des plus de 12’000 calories dépensées la veille!

Pour les deux jours qui suivent la course, nous avons prévu un peu de tourisme sur l’île. Bien que ce soit mon 4ème voyage ici, je n’ai que peu eu l’occasion de visiter les points d’intérêts de Lanzarote. Nous nous mettons donc en route pour le Jamenos del Agua, cavité naturelle aménagée par l’artiste local César Manrique. C’est absolument superbe, mais il y a beaucoup trop d’escaliers à descendre à mon goût, difficile avec des jambes pareilles ;)

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L’endroit est assez magique. Une fois ressorti par les escaliers de l’autre côté, le lagon artificiel à l’extérieur n’est pas moche non plus!

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Ensuite, passage par les Cueva de los Verdes, tunnels de lave naturels, aménagés pour une promenade qui est parfaite, abritée de tout rayon du soleil, pour quelqu’un qui a grillé un peu le jour précédent!

Passage par le port d’Orzola, pour une bière et un casse-croûte bien mérité. Ensuite, direction le mirador del Rio pour une petite séance photo. La pointe de l’île est plongée dans la brume, comme lors de la course.

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La journée touche à sa fin, et nous sommes de retour en direction de l’hôtel. Soirée entre romands pour une bonne viande à la plancha.

Le lendemain, c’est une excursion dans le volcan en chameau qui est au programme, discipline dans laquelle il faut bien l’avouer, je suis plutôt débutant. Mais je finis par sympathiser avec le bestiaux, qui me semble plutôt amical, vous ne trouvez pas ?

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Après cette journée touristique à souhait, mais parfaite pour une récupération, rendez-vous au Club La Santa où j’ai réservé un slot pour un massage de récupération. Quelle heureuse idée, car cela fait un bien fou! Ensuite de quoi nous mangeons sur place avant de nous rentrer. Il est désormais temps de ranger les affaires, car notre vol décolle le lendemain dans la matinée.

Le lendemain, deux jours complets après la course et un massage plus tard, les jambes vont déjà bien mieux. Pour le reste, plus rien à signaler. Bien sûr, il faudra encore attendre entre une et deux semaines pour se remettre à l’entrainement sérieusement!

Je quitte donc Lanzarote, théâtre de deux de mes plus formidables exploits sportifs. Probablement que je reviendrai ici, mais je doute que ce soit pour participer à cet Ironman une troisième fois… En tout cas pas pour un bout de temps!

Matos, conseils, astuces, les trucs qui ont marché…

Avant de tourner définitivement la page de cet Ironman, je vous livre encore quelques trucs et astuces, et la traditionnelle liste de matériel utilisé pour cette course.

Pour commencer, le ravitaillement. Sur les longues distances, je sais que le ravitaillement sucré finit par me lasser et j’ai alors une irrésistible envie de parts de pizza. Bien sûr, la pizza c’est pas très conseillé pendant l’effort, mais sur le vélo, je suis un fan des petits sandwichs. Cette-fois, j’ai fait 4 demi sandwichs au Cénovis, notre bonne vieille pâte à tartiner à la levure typiquement helvétique. Ceux qui connaissent le Marmite anglais pourront y trouver une petite ressemblance. C’est très salé, et ça passe très bien en haut des miradores de Lanzarote. En plus, contrairement au jambon ou au fromage, ça peut passer la journée au soleil sans risque de nous rendre malade!

sandwich_cenovis_web.jpg

Ensuite, j’ai utilisé la Polar V800 et le Edge 520 sur cette course. Pour la V800, afin d’être sûr d’avoir l’autonomie suffisante pour le tout, j’ai installé un capteur de vitesse avec l’aimant sur la roue de mon vélo, et désactivé le GPS pour la partie vélo de la montre. J’avais de toute façon le Edge pour la trace GPS du vélo. Cela m’a permis d’arriver avec un bon tiers de batterie restante dans la V800, après les 12 heures 40 de course. J’ai mis en route le Edge 520 avant de partir pour la plage, en prenant soin de calibrer les Vector. Ensuite, sans rétro-éclairage mais sans économie d’énergie, le Edge attend la mise en route patiemment jusqu’à T1.

Enfin, et pour conclure ce compte-rendu, voici la liste du matos utilisé pour cette course:

  • Tri-fonction en deux pièces Skinfit. J’ai passé le haut à T1.
  • La Polar V800 pour l’enregistrement de la course.
  • Ceinture de FC Polar H7
  • Lunettes de natation Tyr Tracer fumées rouge.
  • Combinaison de natation Orca 3.8.
  • Mon Kuota Kalibur pour le vélo, avec une paire de roues Campagnolo Bora One 50.
  • Les Garmin Vector comme capteur de puissance.
  • Le Garmin Edge 520 comme compteur vélo, avec une alarme toutes les 20 minutes pour ne pas oublier de se ravitailler.
  • Les chaussures de vélo Specialized Trivent.
  • Mon casque de route, pensant que vu la chaleur et la position sur le vélo, un casque aéro ne m’apporterait pas grand chose.
  • Mes sandwichs (voir plus haut), 3 barres Cliff et une barre Isostar pour le ravitaillement.
  • 6 capsules de Saltstick, mais je n’en ai utilisé que 3.
  • Les chaussures de course à pied Brooks T7, que j’utilise quasi exclusivement depuis le marathon de Berlin.
  • La casquette de finisher de l’Ironman 70.3 de Lake Tahoe 2014, qui n’a jamais eu lieu ;-)
  • Des sucres de raisin achetés en pharmacie sur la course à pied, à la place des gels.

Voilà. Maintenant, je crois que vous savez vraiment tout. Merci pour votre visite et bravo pour être arrivé au bout de ce CR ! Merci à ma famille pour m’avoir supporté à distance pendant toute la semaine sur place et pendant la préparation, merci aux copains du club, le TTL, qui nous ont également apportés leur soutien pendant le camp là-bas en février et aussi par messages, le jour de la course. Merci à Jérôme pour avoir partagé cette préparation et cette folle aventure. Merci à mes collègues de la Loterie Romande, qui étaient collés derrière leur écran samedi, à attendre les mises à jour des temps intermédiaires! Merci à vous tous sur les réseaux sociaux, qui une fois ou l’autre, m’avez encouragé via un message, un commentaire ou juste un Like. Vous êtes tous formidables!

Et à bientôt pour de prochaines courses. La suivante sur la liste est le Challenge half distance de Galway en Irlande, le 26 juin !

11 commentaires

  1. Bonjour Greg,
    En lisant ton récit on s’y croirait presque. Merci. Une belle narration d’une solide performance. « J’ai pas de fric donc je continue » :). Bonne récup.

  2. Hello Greg ,
    Bravo pour cette course, effort et mental impressionnant!
    Je trouve que ton style au file des CR évolue et c’est vraiment très agréable de te lire.
    Bonne reprise

    1. Hello,

      Merci! Aucun problème avec les Bora, pas même en vent de travers. Il faut dire que je ne roule quasiment plus que sur ces roues, et qu’avec mes 78kg, ca bouge pas beaucoup. Et le vent était plutôt régulier. C’était plus dangereux à Aix, alors qu’il y avait des rafales.

      Sportivement.

  3. Salut,
    Comme les commentaires précédents, je trouve que tu retranscris très bien les états d’âme par lesquels tu est passé, non sans une pointe d’humour. C’est un réel plaisir que de te lire.
    Bravo pour la perf’.

  4. bonjour Greg,
    Super ton récit. Moi aussi j’ai fait la course et j’ai vraiment eu les mêmes impressions que toi en natation et en course à pied. Sur le vélo j’avais une telle peur du vent que du coup, je m’attendais à pire.
    Dur dur ce triathlon.

    Bravo aussi pour tes tests de matériel. Bonne continuation

  5. On ne se lassera jamais de cette course, tant pour son cadre, son exigence, son relief et son vent…..t puis un départ a 7h…. C’est confort tout de même.

    IM Lanza 2009 a 14h55, j’ai cru que j’allais mourir tout brûlé, 2010 pour une revanche à 12h57, et je m aperçois qu on a partagé le 2012, on s’est nécessairement croisé sur la cap…..13h20….

    Merci pour ces poignants témoignages, que j’avais lu il y a longtemps et que je retrouve aujourd’hui,
    de toute évidence, nous avons vécu la même course d’une certaine manière, comme beaucoup, dommage que le parcours ait été changé je pense….

    Et merci pour tes avis avisés en général

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